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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre symphonique de Londres sous la direction de Simon Rattle, avec le concours du pianiste Roger Muraro et du trompettiste Håkan Hardenberger à la Philharmonie de Paris.
Retrouvailles poétiques
Le retour en pleine forme du London Symphony à Paris fait chaud au cœur et aux oreilles. György Ligeti et Betsy Jolas forment avec Wagner une première partie où la poésie le dispute au lyrisme. La Deuxième Symphonie de Brahms souffre en revanche de l’hyperactivité de Simon Rattle, un chef fin analyste manquant ici un peu d’abandon.
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Reprenant une association déjà expérimentée à Berlin en 2012 et en 2014, Simon Rattle commence son concert avec Atmosphères de Ligeti à laquelle il adjoint sans aucune pause le prélude du premier acte de Lohengrin. Un grand orchestre comparable mais dont le traitement est antagonique, morcelé à l’extrême chez Ligeti dans une polyphonie dont l’auditeur ne perçoit qu’une succession de climats, très unifié chez Wagner avec un seul thème et une construction en arc.
La qualité de timbres de l’Orchestre symphonique de Londres fait toute la magie des deux pièces qui forment du coup une première partie d’une poésie prégnante. Rattle adoucit particulièrement le cluster initial de la pièce de Ligeti, et, fait plus surprenant chez lui, laisse le lyrisme wagnérien rayonner en toute simplicité. Simon Rattle avait programmé Betsy Jolas à Berlin en 2016, créant A Little Summer Suite. Les Histoires vraies qu’il dirige ce soir ont déjà été beaucoup jouées depuis leur création à Monaco.
Ce qui pourrait se présenter comme un double concerto pour piano et trompette voit la prééminence magistrale de l’instrument à vent, tout simplement parce que la compositrice lui confie un rôle éminemment vocal, à la mesure de son exceptionnel interprète, Håkan Hardenberger. Tout en évoquant le Petrouchka de Stravinski, le piano de Roger Muraro sonne davantage vertical, même si les deux instruments se retrouvent vers la fin de l’œuvre. Tout au long, les objets trouvés que sont ici les bruits extérieurs collectés par Jolas, viennent perturber le discours. Rattle paraît se délecter particulièrement de cette écriture, poussant les contradictions jusqu’à l’anecdotique. L’œuvre se referme sur une claque, véritable pied de nez marquant toute la verdeur de son autrice.
En seconde partie, la Symphonie n° 2 de Brahms voit le retour d’un Rattle très interventionniste. Le chef souligne à l’envi la complexité de l’écriture plus qu’il ne trouve l’équilibre émotionnel d’une œuvre qui nécessiterait davantage de ligne. Ainsi les irrégularités de l’Allegro ma non troppo enflent comme autant de détails maniéristes, là où la simplicité thématique devrait prévaloir. L’Adagio danse, toutefois Rattle ne peut s’empêcher d’articuler les petites cellules rythmiques.
Cela est réalisé de main de maître, tout comme le troisième mouvement, mais cette exubérance virtuose parait forcée. Dans le Finale, les couleurs de l’orchestre sont à la fête sans qu’on puisse s’empêcher de chercher en vain le fondu typique de cette écriture. En revanche, c’est en poète suave que Rattle dirige le bis, une Pavane de Fauré aux couleurs pastel. La flûte sublime de Gareth Davies fait naître un mirage qu’on voudrait ne jamais quitter, et les cordes forment l’écrin subtil d’un lyrisme retrouvé.
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Philharmonie, Paris Le 20/06/2022 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre symphonique de Londres sous la direction de Simon Rattle, avec le concours du pianiste Roger Muraro et du trompettiste Håkan Hardenberger à la Philharmonie de Paris. | György Ligeti (1923-2006)
Atmosphères (1961)
Richard Wagner (1813-1883)
Lohengrin (Prélude de l’acte I) (1850)
Betsy Jolas (*1926)
Histoires vraies (2015)
Roger Muraro, piano
HĂĄkan Hardenberger, trompette
Johannes Brahms (1833-1897)
Symphonie n° 2 (1877)
London Symphony Orchestra
direction : Simon Rattle | |
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