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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Création de Résurrection de Romeo Castellucci sous la direction d’Esa-Pekka Salonen au festival d’Aix 2022.
Aix 2022 (1) :
Et Resurrexit ?
Après son déjà mythique Requiem de Mozart en 2019, Castellucci revient à Aix avec Résurrection, d'après la symphonie éponyme de Mahler. Ce spectacle intense et traumatisant se déroule au Stadium de Vitrolles. La découverte d'un charnier et l'exhumation des victimes tient lieu de dramaturgie tandis qu’en fosse Salonen dirige sans concession.
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Cette mise en scène de la Symphonie n° 2 de Mahler appartient à la catégorie des spectacles majeurs et inclassables. Aussi austère et bouleversante que le Requiem de Mozart était proliférant et chorégraphié, cette production dantesque ne peut laisser indifférent, à commencer par l'étonnant espace scénique dans lequel elle se déroule. Laissé à l'abandon durant une vingtaine d'années, le Stadium de Vitrolles se présente comme un bunker de béton recouvert de tags.
L'immensité du lieu oblige à sonoriser chœurs et orchestre au détriment de la qualité et de la précision des lignes harmoniques. Le regard se concentre sur la scène recouverte de terre sur laquelle se promène un étrange cheval blanc, attiré par les odeurs suspectes qui émanent du sol. Sa propriétaire le rejoint et découvre, horrifiée, des ossements qui émergent de la surface. Elle prévient aussitôt les équipes chargées d'exhumer ce qui s'avère être une fosse commune dans laquelle gisent une centaine de corps décomposés.
Tandis que les premiers accords éclatent, les personnels des Nations-Unis en combinaisons blanches se mettent à l'œuvre et déterrent progressivement les victimes lors d'un rituel obsédant et minutieux. En retrouvant une identité administrative, les morts accèdent à une forme de résurrection humanitaire mais la scène reste désespérément vide à la toute fin, laissant au spectateur le soin de compléter (ou non) cette image tragique comme un appel ou un renoncement au salut spirituel.
Les différents mouvements de la symphonie sont rythmés scéniquement par des enchaînements d'événements comme la découverte d'une seconde fosse ou le moment où pendant que résonne Urlicht, les équipes s'interrompent et se recueillent. Tandis que les derniers fourgons mortuaires quittent le lieu avec leur macabre cargaison, une jeune femme demeure seule en scène, s'obstinant à chercher encore une trace enfouie dans la terre. Elle est la dernière à quitter les lieux, laissant sur le sol sa combinaison blanche telle une âme qui quitte son enveloppe corporelle.
Le chant intense du chœur appelle à une résurrection que la réalité sordide semble nier et interdire. Le sol reste silencieux et inerte, même lorsque la pluie se met à tomber et qu'on espère jusqu'au bout voir surgir une dernière péripétie. Ce mélange de prosaïsme et de foi invite le spectateur à une contemplation et une méditation durant laquelle il s'interroge sur le sens de son existence et la moralité de ce jugement dernier en trompe-l'œil.
Sous la direction d’Esa Pekka Salonen, l'Orchestre de Paris livre une interprétation sans compromis, souvent aux confins d'une âpreté anguleuse avec des percussions très dures et des cordes sans liant dans la longueur et l'épaisseur des notes. La chair manque également au legato de Marianne Crebassa, dont l'identité peine à se dégager d'une sonorisation peu appropriée et qui compresse les dynamiques, alors que Golda Schultz déplie très naturellement ses aigus au-dessus de l'orchestre.
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Stadium, Vitrolles Le 04/07/2022 David VERDIER |
| Création de Résurrection de Romeo Castellucci sous la direction d’Esa-Pekka Salonen au festival d’Aix 2022. | Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 2 en ut mineur « Résurrection » (1895)
Golda Schultz (soprano)
Marianne Crebassa (alto)
Jeune Chœur de Paris
Orchestre et Chœur de l'Orchestre de Paris
direction : Esa-Pekka Salonen
mise en scène, décors, costumes, éclairages : Romeo Castellucci
préparation des chœurs : Marc Korovitch | |
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