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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert des Wiener Philharmoniker sous la direction d’Andris Nelsons, avec le concours du pianiste Yefim Bronfman au festival de Salzbourg 2022.
Salzbourg 2022 (1) :
Mahler essoufflé
Concert de onze heures décevant malgré l’affiche Wiener-Nelsons à Salzbourg, où après un Deuxième Concerto de Bartók assez bonhomme sous les doigts de Yefim Bronfman, le chef letton confirme un style de direction de plus en plus poussif dans une Cinquième de Mahler lente et pleine de tunnels, n’était le moment de grâce de l’Adagietto.
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Andris Nelsons, qui n’a jamais été un guépard de la baguette, évolue vers un style toujours plus assis appelant une dangereuse distension du tempo. Le Deuxième Concerto de Bartók qui ouvre ce concert de matinée salzbourgeois échappe à la tendance, et l’on s’étonne même de voir le chef letton jouer au sémaphore pour les entrées des vents des Wiener Philharmoniker dans l’Allegro initial, où les cordes sont tenues au silence.
Les doigts jamais durs de Yefim Bronfman ne risquent pas d’appeler le reproche d’une trop grande percussivité, presque patauds par-delà les difficultés redoutables de l’écriture pianistique. L’ensemble manque pourtant de nerf, et surtout d’angles. C’est aussi que le pupitre de percussion aurait gagné à davantage de mordant (la timbale surtout) pour accrocher l’oreille, qui suit confortablement le discours néoclassique du compositeur.
Il n’est guère qu’un coup de grosse caisse féroce pour réveiller le Großes Festspielhaus au début du Finale, après un Adagio aux nappes de cordes immobiles, fascinante musique nocturne comme Bartók en avait le secret, mais qui regarde plutôt ici vers Chostakovitch. En bis, changement radical et presque incongru d’univers avec une Arabesque de Schumann effleurée, traversée de mélancolie dans sa rengaine rêveuse.
Le plat de résistance reste la Symphonie n° 5 de Mahler que Nelsons, depuis son exécution lucernoise post-ère Abbado en 2015, dirige avec sans cesse plus d’empâtement, ce matin en 1 h 21. Que le chef de 43 ans, qui a beaucoup forci, ressente le besoin de poser son centre de gravité peut s’entendre, mais on commence à frôler la ligne rouge de la dislocation de la forme, chaque motif brossé avec pesanteur.
On peut admettre une marche funèbre initiale aussi proche de l’arrêt, mais le corbillard connaît en outre de nombreux cahots dans l’étirement des transitions, sans reprendre vigueur dans un Stürmisch bewegt dépourvu de la « Größter Vehemenz » demandée, sans compter un Rondo-Finale mou, univoque de béatitude, comme une mauvaise Festwiese des Maîtres chanteurs, virtuosité et frénésie aux abonnés absents, contrepoint mâchonné.
Pourtant, le temps s’était suspendu lors d’un Adagietto encaissant mieux le choc que le reste de la symphonie, d’un art du rubato, d’une beauté inouïe des cordes viennoises – ces altos au grain plus serré que des violoncelles translucides – d’une grande pudeur sur le climax final, tout sauf forcé. Un moment de grâce qui ne saurait compenser soixante-dix minutes à bout de souffle.
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GroĂźes Festspielhaus, Salzburg Le 07/08/2022 Yannick MILLON |
| Concert des Wiener Philharmoniker sous la direction d’Andris Nelsons, avec le concours du pianiste Yefim Bronfman au festival de Salzbourg 2022. | Béla Bartók (1881-1945)
Concerto pour piano et orchestre n° 2 en sol majeur Sz 95 (1930-1931)
Yefim Bronfman, piano
Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 5 en ut# mineur (1901-1902)
Wiener Philharmoniker
direction : Andris Nelsons | |
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