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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Nouvelle production de Katia Kabanova de Janacek dans une mise en scène de Barrie Kosky et sous la direction de Jakub Hrusa au festival de Salzbourg 2022.

Salzbourg 2022 (3) :
Seule parmi la foule

© Monika Rittershaus

Plutôt que le huis-clos, Barrie Kosky a imaginé pour Katia Kabanova à Salzbourg une confrontation très nue et sans autre décor que celui du Manège des rochers entre la jeune héroïne et une foule compacte et statufiée. Concept minimaliste qui s’essouffle un peu en cours de route, face à une belle distribution et une direction tout en raffinement.
 

Felsenreitschule, Salzburg
Le 11/08/2022
Yannick MILLON
 



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  • L’attente Ă©tait grande de dĂ©couvrir cette nouvelle Katia Kabanová, le spectacle de 1998 de Christoph Marthaler, vu notamment au Palais Garnier et au Capitole de Toulouse, Ă©tant devenu mythique, avec sa cour d’immeuble RDA qui Ă©tait un personnage Ă  elle seule. Barrie Kosky en prend totalement le contrepied : ce n’est plus le dĂ©cor qui Ă©crase ce drame social, mais une foule resserrĂ©e, immobile et de dos, qui ne change de position que dans l’obscuritĂ©, au grĂ© des six tableaux de l’opĂ©ra.

    On a l’impression que le metteur en scène australien a été intimidé par la largeur de scène de la Felsenreitschule, dont il réduit ainsi l’espace de jeu avec son mur de cent trente figurants surplombés d’une porteuse d’une centaine de projecteurs orientés vers le sol. Chaque acte est en outre précédé d’un court prologue devant un rideau gris et dans la pénombre, où l’on peut entendre successivement le chant des oiseaux, la forêt sonore de plus en plus menaçante des clochers de Salzbourg, puis le fameux orage du titre de la nouvelle d’Ostrovski à la base du livret.

    Nul autre décor que les arcades borgnes du Manège des rochers ne vient détourner l’œil de ce drame où chacun n’émerge de l’anonymat que pour y retourner in fine. Belle illustration, un peu systématique, de la pression dans les sociétés rurales superstitieuses, avec en prime le jeu de domination canin entre Kabanicha et le vieux Dikoï à quatre pattes et en slip, qui montre à sa maîtresse combien il a mérité son susucre.

    Il ne manque à la jeune Corinne Winters qu’un timbre moins voilé et un aigu plus cristallin pour être une grande Katia. Mais le personnage existe, fragile, déchiré, qui finit par se jeter dans une trappe à l’avant-scène. En Boris, David Butt Philip a tout de l’amant à la forte attraction animale : voix large et barytonnante, projetée avec force sinon subtilité. Assez idéal pour ce héros qui n’en est pas un, face au Tichon suintant la frustration de Jaroslav Březina.

    Le Koudriach de Benjamin Hulett, beau ténor clair, sain, modèle de rationalité dans un univers obscurantiste, domine la Varvara un peu épaisse de Jarmila Balážová, en contradiction avec les seize ans qu’elle joue très bien en scène. Enfin, Evelyn Herlitzius se rit des phrases hachées de Kabanicha qu’elle balance tels des poignards, tandis que Jens Larsen offre un portrait fort en gueule de Dikoï.

    Jakub Hrušá semble souvent en difficulté rythmique, pas tant avec le plateau qu’à l’intérieur de la fosse, trop occupé à raffiner les textures de Janáček avec un Philharmonique de Vienne dont les diaprures font toujours autant merveille. Le jeune chef morave réinvente une dramaturgie tournée vers des contrastes de nuances et des silences plus marqués, une agogique moins droite, sacrifiant un peu de l’élan vital de la partition.




    Felsenreitschule, Salzburg
    Le 11/08/2022
    Yannick MILLON

    Nouvelle production de Katia Kabanova de Janacek dans une mise en scène de Barrie Kosky et sous la direction de Jakub Hrusa au festival de Salzbourg 2022.
    Leoš Janáček (1854-1928)
    Kát’a Kabanová, opéra en trois actes (1921)
    Livret du compositeur d’après la traduction tchèque de la pièce L’Orage d’Alexander Ostrovski

    Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
    Wiener Philharmoniker
    direction : Jakub Hrůša
    mise en scène : Barrie Kosky
    décor : Rufus Didwiszus
    costumes : Victorua Behr
    Ă©clairages : Franck Evin
    préparation des chœurs : Huw Rhys James

    Avec :
    Jens Larsen (Saviol Prokofievitch Dikoï), David Butt Philip (Boris Grigorievitch), Evelyn Herlitzius (Marfa Ignatievna Kabanová), Jaroslav Březina (Tichon Ivanitch Kabanov), Corinne Winters (Katérina), Benjamin Hulett (Vania Koudriach), Jarmila Balázova (Varvara), Michael Mofidian (Kouliguine), Nicole Chirka (Glacha), Ann-Kathrin Niemczyk (Fekloucha).

     


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