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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Reprise au festival d’été du Barbier de Séville de Rossini du festival de Pentecôte de Salzbourg, dans une mise en scène de Rolando Villazón et sous la direction de Gianluca Capuano.
Salzbourg 2022 (4) :
Villazón fait son cinéma
Nouveau succès pour Cecilia Bartoli qui enchaîne les productions de qualité au sein de sa programmation salzbourgeoise de Pentecôte, reprises avec bonheur au festival d’été. Villazón à la mise en scène, Capuano à la direction, une belle distribution et quelques surprises bien senties… Comment bouder son plaisir devant ce Barbier cocasse, enlevé et savoureux ?
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Réussite totale que ce Barbier frais, adroit, où chacun semble se régaler en parfaite intelligence avec la musique. La figuration naïve mais millimétrée d’Arturo Brachetti est le point de départ de toute la mise en scène : la « forza » n’est ici que le nom de la boîte de production dont le malheureux factotum visionne inlassablement les films, où Cecil B. Artoli, la star incontournable (inénarrable dans une galerie de portraits allant de Jeanne d’Arc à la nonne encanaillée, en passant par le corsaire), incarne une Rosine tout feu tout flamme, caméléon, érotique et impertinente avec l’humour et la subtilité qu’on lui connaît.
L’action est émaillée de clins d’œil, passerelles visuelles et sonores (le pianoforte débordant d’Andrea Del Bianco) convoquant Wagner, Cabaret, Le Parrain, le cinéma muet, Carmen, tant d’autres. L’Almaviva d’Edgardo Rocha s’y illustre sous le masque de Zorro pour chanter sa sérénade mexicaine, timbre latin non dénué de délicatesse, partageant Ah ! il più lieto en un duo impromptu (et bissé) avec Rosina ; l’affreux Basilio (que vous joindrez par téléphone au 666) est Nosferatu, matériau de braise d’Ildebrando D’Arcangelo, ombre fantomatique et ongles démesurés à l’appui ; Nicola Alaimo offre à Figaro une voix aussi généreuse que sa ronde personne est un bonheur de poésie fantasque et virevoltante, tandis qu’Alessandro Corbelli est un modèle de sprezzatura à la Mastroianni, chant italien léger et stylé, à la crête du tragi-comique.
Cours de chant désopilant au II entre montées d’hormones et abaissement de diaphragme, changements de costumes prestissimo (Brachetti oblige), vidéos truculentes superbement intégrées par le tandem de rocafilm (toute l’action va et vient dans la pellicule), utilisation malicieuse de tout un bric-à -brac pour de fugaces images iconiques (Bartoli tour à tour en saint Michel et en Brünnhilde), mais aussi un finale bien senti où Rosina refuse finalement de suivre sagement son Comte de mari qui a déjà commencé à batifoler avec une (plus) jeune femme, et se fait la malle avec Figaro.
Avec humour et (auto-)dérision, avec aussi beaucoup d’inventivité, Gianluca Capuano ne cesse de creuser la partition pour en extraire des surprises, du phrasé, de l’éclairage. On pourra ergoter sur un détaché plus rebondi que nerveux en fin de I, et sur de menus décalages dans les redoutables ensembles, mais la vitalité et la richesse de la direction forcent l’admiration.
Tout comme on pourra regretter telle redondance, tel gag moins abouti, ou la présence d’un monstre de Frankenstein un peu raté mais qui tenait à cœur à Villazón ; reste un excellent spectacle, drôle, réjouissant, respectueux mais imaginatif, défendu tambour battant par une équipe du tonnerre. Irrésistible.
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Haus fĂĽr Mozart, Salzburg Le 14/08/2022 Thomas COUBRONNE |
| Reprise au festival d’été du Barbier de Séville de Rossini du festival de Pentecôte de Salzbourg, dans une mise en scène de Rolando Villazón et sous la direction de Gianluca Capuano. | Gioacchino Rossini (1792-1868)
Il Barbiere di Siviglia, comédie en deux actes (1816)
Livret de Cesare Sterbini d’après Beaumarchais
Philharmonia Chor Wien
Les Musiciens du Prince – Monaco
direction : Gianluca Capuano
mise en scène : Rolando Villazón
décors : Harald B. Thor
costumes : Brigitte Reiffenstuel
Ă©clairages : Stefan Bolliger
vidéo : rocafilm
préparation des chœurs : Walter Zeh
Avec :
Edgardo Rocha (Il Conte Almaviva), Alessandro Corbelli (Bartolo), Cecilia Bartoli (Rosina), Nicola Alaimo (Figaro), Ildebrando D’Arcangelo (Basilio), Rebeca Olvera (Berta), José Coca Loza (Fiorello), Max Sahliger (Ambrogio), Manfred Schwaiger (Domenico La Forza), et Arturo Brachetti. | |
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