|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
30 octobre 2024 |
|
Traviata de Verdi à l'Opéra de Bordeaux
Mirelle Delunsch donne son sang Ă Violetta
Si l'année 2000 a été vouée à Bach, en 2001, c'est au culte de Verdi qu'il faudra sacrifier pour fêter son centenaire le 27 janvier prochain. En francs-tireurs, les opéras au sud de la Loire déroulent leurs hommages précoces. Après Montpellier, voici Bordeaux bien inspiré en invitant Mirelle Delunsch pour sa Traviata.
|
|
Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
[ Tous les concerts ]
|
La récente production de La Traviata au Grand-Théâtre de Bordeaux vient de prouver que le compositeur-symbole de l'opéra italien avait encore un bel avenir devant lui, quand il rencontre comme ici une jeune diva de chair et d'esprit dans le rôle-titre. Et pourtant, Mireille Delunsch – il s'agit d'elle – n'a pas exactement le profil requis pour s'immoler en Violetta. Ne serait-ce que par l'aspect physique, elle dont la blondeur surprend a priori dans un emploi marqué par la "latinité" de tant de stars qui y ont triomphé (à commencer par la Callas, nonobstant ses racines grecques).
Reste que rien ne semble l'arrêter dans son actuelle ascension lyrique. Ainsi précisément de cette Traviata venant quelques semaines après l'inoubliable Poppée qu'elle fut encore, cet été, à Aix. Une aventure qui dans sa carrière n'est pas un défi téméraire, mais une suite logique et bienvenue sur la voie "d'une certaine sagesse vocale". Plus exactement, anti-star par nature, Mireille Delunsch aborde le personnage de l'intérieur, respectueuse – mais sans la sanctifier – de la tradition illustrée par quelques aînées prestigieuses (derechef, la Callas). À la fois victime et pénitente, sa Violetta étreint l'âme, immergée dans son sacrifice et tendue vers un rêve d'intimité dramatique qu'elle ne partage en fait avec aucune autre. Aussi bien, les bonnes surprises sont trop rares pour ne pas saluer cette captivante incarnation, qui se brise, à l'acte III, sur le dolorisme vrillant d'un Addio del passato d'éternité.
À présent, cette prise de rôle inspirée jusque dans les traits de virtuosité n'empêche pas le spectacle d'être menacé par la routine pour le reste ; à l'exception du Germont bien chantant du baryton Ludovic Tézier (mais le ténor bulgare Zvetan Michaïlov campe un Alfredo bien sommaire). Pareillement, les choeurs et l'orchestre sont à la peine, mais le métier du chef Maurizio Benini est là pour les tirer de quelques situations difficiles. Cependant que la mise en scène de Francesca Zambello et les décors kitsch de Marina Draghici ne font pas précisément rêver l'œil à une Traviata du millénaire. Reste Mireille Delunsch dont l'éclat vocal est inversement proportionnel à la progression de la tuberculose qui ronge Violetta.
| | |
|
Grand-Théâtre, Bordeaux Le 19/11/2000 Roger TELLART |
| Traviata de Verdi à l'Opéra de Bordeaux | La Traviata de Giuseppe Verdi
Choeurs de l'Opéra de Bordeaux
Orchestre de Bordeaux-Aquitaine
Direction musicale : Maurizio Benini
Mise en scène : Francesca Zambello
DĂ©cors & costumes : Marina Draghici,
Avec Mireille Delunsch (Violetta Valéry), Zvetan Michailov (Alfredo), Ludovic Tézier (Germont), Claire Larcher (Flora Bervoix), Annina (Nicole Monestier). | |
| |
| | |
|