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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Siegfried de Wagner dans une mise en scène de Valentin Schwarz et sous la direction de Cornelius Meister au festival de Bayreuth 2022.
Ring Bayreuth 2022 (3) :
Une mauvaise Ă©ducation
Toujours aussi peu de ligne et de structure au Festspielhaus de Bayreuth dans le Siegfried mis en scène par Valentin Schwarz, plus que jamais dans un esprit soap opera passablement confus, mais une direction musicale qui commence à être mieux maîtrisée et un plateau vocal dominé par Andreas Schager dans le rôle-titre.
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Ce nouveau Ring reste marqué par une accumulation d'idées qui se superposent en une joyeuse confusion, d'esprit soap opera. On se concentre ici sur ce sale gosse élevé par le peu recommandable Mime qui lui sert à la fois de père et de mère. Le nain a trouvé refuge dans l'ancienne maison de Hunding (?) où il a installé des poupées et un théâtre de marionnettes, sans doute en prévision de l'anniversaire de Siegfried. Celui-ci ajoute au mauvais comportement un alcoolisme notoire et la consultation de revues pornographiques.
Valentin Schwarz évacue la forge par un jeu aussi alambiqué qu'inutile où Notung apparaît à l'intérieur d'une béquille sur laquelle s'appuie Mime à la façon d'une canne-épée. De la même manière, il montre le jeune Hagen (il était ce golden boy enlevé par Alberich dans L’Or du Rhin), au chevet d'un Fafner en vieillard victime d'une crise cardiaque. L'Oiseau en infirmière et Erda en SDF complètent cette improbable galerie de personnages, tandis que passe de main en main le pyramidion lumineux qui symbolise, depuis le prologue, la toute-puissance des dieux.
Par un malencontreux rapprochement, on voit sortir d'une autre pyramide imitant vaguement celle du Louvre, Brünnhilde emmaillotée dans des bandelettes de momie rescapée des opérations de chirurgie esthétique. Éternellement jeune, elle peut se jeter dans les bras de Siegfried, non sans avoir éveillé la jalousie de Grane, son fidèle cheval (un figurant).
Cette impression d'inabouti est rattrapée en partie par le bon niveau général de la distribution. Tomasz Konieczny empoigne à bras-le-corps le Wanderer auquel il offre une rusticité de timbre compensée par l'engagement et la surface vocale. Olafur Sigurdarson lui emboîte le pas en Alberich dominé d'un bout à l'autre. Okka von der Damerau est une Erda superlative, tandis qu’Alexandra Steiner déplie ses aigus avec des trésors de précaution en Oiseau de la forêt.
On notera la belle présence de Wilhelm Schwinghammer, Fafner sonore et bien projeté, plus convaincant que le Mime falot et instable d'Arnold Bezuyen. Alternant avec Iréne Theorin, Daniela Köhler est une solide Brünnhilde, capable d'aigus souverains et d'une endurance appréciable malgré un grave assez mince. Le Siegfried d'Andreas Schager va puiser dans l'ampleur d'un instrument qui paraît sans limites une interprétation un rien rectiligne.
Beaucoup plus convaincante que dans les deux premiers volets, la direction de Cornelius Meister saisit enfin les enjeux dramatiques et livre une puissante palette sonore Ă la dimension de l'Ĺ“uvre. Les scories aux cuivres n'y changent au final pas grand-chose, tant la profondeur des plans sonores et des timbres se montrent enfin Ă la hauteur du plateau.
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