|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
|
The Outcast d’Olga Neuwirth par l’Ensemble intercontemporain et l’Orchestre du Conservatoire de Paris sous la direction de Matthias Pintscher à la Philharmonie de Paris.
À trop charger la barque…
Avec The Outcast, un hommage à Melville, Olga Neuwirth poursuit avec des moyens importants et durant quatre-vingt-dix minutes ses obsessions relatives au pouvoir, à l’environnement et à la question du genre. Comme la chasse au Léviathan du capitaine Achab, cette poursuite conduit à un naufrage, celui d’une partition dont on espérait tellement plus.
|
|
Bons baisers d’Eltsine
RĂ©gal ramiste
L'Étrange Noël de Mrs Cendrillon
[ Tous les concerts ]
|
Profondément marquée par sa lecture des romans et nouvelles de Melville, la compositrice Olga Neuwirth s’est lancée dans la composition de plusieurs œuvres inspirées par cet univers. La plus imposante, The Outcast, se rattache au livre phare de l’écrivain, le mythique Moby Dick qui traite pléthore de thèmes puissants dans une richesse contrapuntique fascinante.
Apparemment, ce matériau n’a pas suffi à Neuwirth qui ajoute à son livret des textes de Lautréamont, Levis Caroll, Edward Lear et Walt Whitman ainsi que d’autres textes de Melville. Et comme si ce n’était pas suffisant, la compositrice autrichienne ajoute un personnage, celui du vieil écrivain (joué par un excellent acteur, Johan Leysen) dont les monologues sont l’œuvre d’une compatriote, Anna Mitgutsch.
Autant bavardes que denses, ces interventions sur fond de grisaille électronique enfoncent des portes ouvertes sur le travail de l’écrivain et son rapport aux personnages, usent de parallèles rabâchés sur la symbolique du Léviathan ou sur l’inévitable question du genre. Ce dernier point a conduit Neuwirth à faire de Ishmael une Ishmaela, femme cachant sa féminité jusqu’au moment où seule survivante elle peut dénouer sa chevelure. Et de convoquer Bartleby, antihéros de la nouvelle éponyme de Melville, transformé en un Klaus Nomi au féminin qui fait grelotter ses I would prefer not to.
La barque est tout autant chargée côté musique avec huit chanteurs solistes, un orchestre assez important, un chœur d’hommes et un chœur d’enfants. L’écriture par aplats de textures est tout aussi dense que le livret. Si le style en est composite comme souvent chez la compositrice, le rendu est complètement nivelé par une projection sonore qui semble ne jamais se départir de la nuance mezzo forte.
L’excellence des interprètes et le dévouement de Matthias Pintscher aux commandes ne parviennent pas à sauver l’entreprise dont on ne gardera que les passages chantés par le chœur de garçons (époustouflant Münchner Knabenchor) qui rappellent le meilleur Britten. C’est également dommage pour le dispositif statique mais très atmosphérique mis en place par Netia Jones. Pour reprendre le motto de Bartleby, l’on ne peut s’empêcher de penser qu’on aurait mieux fait de s’abstenir.
| | |
| | |
|