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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital du pianiste Christian Zacharias au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Adieu au récital
Discrètement et avec la réserve qu’on lui connaît, Christian Zacharias tire sa révérence en tant que récitaliste en donnant au Théâtre des Champs-Élysées d’intimistes Saisons de Tchaïkovski, qui lorgnent vers le romantisme germanique dans lequel il s’installe après l’entracte avec une soigneuse Sonate n° 17 en ré majeur D 850 de Schubert.
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Toujours rares en dehors de Russie, c’est avec surprise que Les Saisons de Tchaïkovski ouvrent le programme de ce qui semble être l’un des derniers récitals du septuagénaire Christian Zacharias. Et si Nikolaï Lugansky a déjà présenté la partition en 2017 dans le même Théâtre des Champs-Élysées, les bruits de couloir à l’entracte montrent que l’œuvre n’est toujours pas vraiment assimilée en France.
Pourtant, la partition commandée par Nikolaï Bernard, divisée non pas en quatre comme attendu, mais en douze mois de l’année, est l’une des plus importantes pour piano du compositeur, écrite alors qu’il a 36 ans à raison d’une pièce chaque mois, sur rappel de son majordome, entre décembre 1875 et novembre 1876.
Et à l’image du sous-titre de Janvier, Au coin du feu, c’est bien de cette manière que Zacharias présente le cycle Avenue Montaigne. D’un caractère extrêmement intime, l’interprétation ne cherche jamais la slavité, mais emmène au contraire le style vers le romantisme allemand d’un Brahms ou d’un Schumann. Le Carnaval de Février n’hésite certes pas à chercher plus d’énergie, sans jamais briller pour autant, laissant les douze numéros dans une perspective globale, où le Chant de l’alouette de Mars miroite joliment avant de laisser un peu d’éclaircie au Perce-neige d’Avril pour apporter le printemps.
Fait très rare, Zacharias chaudement applaudi après l’œuvre se rassoit pour un bis d’entracte, et il livre une impromptue Valse de Chopin, qu’on croit d’abord être Les Adieux, mais qui n’est finalement que la rassurante n° 13 op. 70 n° 3. Après la pause, il se rassoit pour Schubert, non pas pour l’une des ultimes sonates du compositeur, mais pour la plus paisible n° 17 D 850.
Elle aussi fine dans son interprétation, la sonate en ré majeur, composée à l’été 1825 permet au pianiste de développer toute la maturité de son jeu, juste légèrement altéré dans les parties vivaces du Scherzo, mais particulièrement adapté au Rondo conclusif. Rallumée trop vite, la salle du TCE ne laisse profiter que d’un bis, là encore d’une prétention non définitive, puisqu’il s’agit des Variations sur Nel cor piu non mi sento du jeune Beethoven.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 04/10/2022 Vincent GUILLEMIN |
| Récital du pianiste Christian Zacharias au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) :
Les Saisons op.37 a
Franz Schubert (1797-1828) :
Sonate pour piano n° 17 en ré majeur D 850
Christian Zacharias, piano | |
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