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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Rusalka de Dvořák dans une mise en scène de Stefano Poda et sous la direction de Frank Beermann au Théâtre du Capitole de Toulouse.
Rusalka dans son élément
Grâce à une nouvelle mise en scène de Stefano Poda où prédomine l’élément aquatique, Toulouse offre un univers onirique au chef-d’œuvre lyrique de Dvořák, porté par les danseurs et par la distribution, où la Rusalka d’Anita Hartig cherche l’amour du vaillant Prince de Piotr Buszewski, sous le regard paternel de l’Odin d’Aleksei Isaev.
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Première production de la saison à Toulouse, cette Rusalka de Dvořák signe un coup de maître de la part du directeur du Théâtre du Capitole, Christophe Ghristi, tant la magie prend grâce sur scène, jusqu’à valoir un accueil triomphal aux saluts, inattendu pour cet ouvrage toujours sous-estimé par la plupart des scènes européennes.
Souhaitée comme un retour aux sources d’un monde non-perverti par la technologie, la mise en scène de Stefano Poda présente un bassin rempli d’eau, magique pour le conte lacustre de Kvapil. Au milieu s’y trouve une piscine plus profonde, dans laquelle les Nymphes puis l’Ondin s’ébattent avec plaisir. Autour, seize danseurs vêtus de voile transparent évoluent dans une chorégraphie millimétrée, pour créer d’abord des frétillements d’animaux aquatiques, puis des figures par assemblage de leurs corps.
À ces images pures et à l’eau, aussi utilisée en cascade pour couler au milieu de mains géantes de statues gréco-romaines, Poda, assisté de Paolo Giani Cei pour les décors, lumières et costumes, crée une rupture dans un II sombre, encadré de circuits intégrés, où le Garde Forestier et le Marmiton, superbement en voix, doivent d’abord débarrasser la scène des déchets plastiques qui la jonchent.
Malgré cette dichotomie blanc-noir, l’ondine Rusalka souhaite entrer dans le monde des humains pour trouver l’amour du prince, et le clame avec quelque vibrato au I, où Anita Hartig aborde le rôle-titre d’un timbre charnu dans la continuité des grandes titulaires tchèques historiques. Profonde dans son Chant à la lune sous un astre dans lequel s’imprègne un corps en position fœtale, elle devient muette au II à cause du sortilège, avant de revenir parfaitement adaptée au III, magnifiquement lyrique face au prince d’une impressionnante puissance vocale de Piotr Buszewski.
D’un grave profond et enjĂ´leur, Aleksei Isaev marque chacune des interventions de VodnĂk, père de Rusalka qui la confie Ă la sorcière JeĹľibaba de Claire Barnett-Jones, Ă la ligne un peu trop musicale pour ce rĂ´le, mieux tenu dans le bas-registre il y a cinq ans Ă Rouen par Svetlana Lifar, ici Nymphe aux cĂ´tĂ©s des deux charmeuses sopranos Valentina Fedeneva et Louise Foor.
Béatrice Uria-Monzon complète par une Princesse étrangère aigrie très crédible une distribution accompagnée d’un chœur maison parfaitement préparé, notamment quand il chante en loge. En fosse, Frank Beermann n’hésite pas à faire ressortir un volume conséquent ainsi qu’une touffeur plus à même de développer les wagnérismes de la partition symphonique par les cordes de l’Orchestre du Capitole que la clarté de ses couleurs tchèques par des bois plus éloquents que séducteurs. Reste que la magie opère, laissant la salle sous le charme à la fin de l’opéra.
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Théâtre du Capitole, Toulouse Le 09/10/2022 Vincent GUILLEMIN |
| Nouvelle production de Rusalka de Dvořák dans une mise en scène de Stefano Poda et sous la direction de Frank Beermann au Théâtre du Capitole de Toulouse. | AntonĂn Dvořák (1841-1904)
Rusalka, conte lyrique en trois actes
Livret de Jaroslav Kvapil
Coproduction avec l’Opéra de Tel-Aviv
Chœur de l’Opéra national du Capitole
Orchestre national du Capitole
direction : Frank Beermannm
mise en scène, décors, costumes, lumières & chorégraphie : Stefano Poda
préparation des chœurs : Gabriel Bourgoin
Avec :
Anita Hartig (Rusalka), Piotr Buszewski (Le Prince), Aleksei Isaev (L’Ondin), Béatrice Uria-Monzon (La Princesse étrangère), Claire Barnett-Jones (Ježibaba), Valentina Fedeneva, Louise Foor, Svetlana Lifar (Nymphes), Fabrice Alibert (Le Garde Forestier / Le Chasseur), Séraphine Cotrez (Le Marmiton). | |
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