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CRITIQUES DE CONCERTS |
30 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre National de France sous la direction de Cristian Măcelaru, avec la participation de la soprano Siobhan Stagg à la Maison de la Radio, Paris.
Trois figures de femmes
Dans un concert de saison autour de trois figures féminines, Cristian Măcelaru perd malencontreusement la soprano Fatma Saïd, remplacée par Siobhan Stagg pour Shéhérazade de Ravel, tandis que Psyché permet en ouverture de programme de fêter le bicentenaire de César Franck, puis Cendrillon de déployer les subtilités du National de France.
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Tandis que son jeune confrère enchaîne avec l’Orchestre de Paris les œuvres les plus célèbres du répertoire, des symphonies de Mahler aux grands ballets de Stravinski, Cristian Măcelaru prend le risque avec l’Orchestre National de France de programmes plus confidentiels et de partitions plus rares, évidemment sans pouvoir briller autant par la force des pièces.
C’est donc devant un Auditorium de Radio France seulement à moitié rempli qu’entre le chef roumain ce jeudi d’octobre, pour un concert qui sera redonné demain à la MC2 de Grenoble. Et si le geste équilibré autant que fluide développe immédiatement de belles nappes de violons, les quatre mouvements de Psyché de César Franck – dont un chef comme Giulini aimait à ne proposer que le dernier – ne peuvent faire oublier une œuvre trop linéaire, à laquelle Măcelaru ajoute encore de la transparence.
Beaucoup plus intéressante par son écriture orchestrale, qui fait ressortir de l’ensemble les superbes flûtes et clarinettes solos, Shéhérazade aurait dû dévoiler aussi la soprano égyptienne Fatma Saïd, dont l’enregistrement de l’œuvre de Ravel sur son premier album avait été remarqué. À sa place, l’artiste australienne Siobhan Stagg reprend une diction claire mais quelque peu maniérée du texte français, à l’image de sa Mélisande de 2019. Placée trop haut, la voix détimbre régulièrement dès qu’elle descend, pour convaincre beaucoup plus avec le bis, Morgen de Richard Strauss, qui exalte au passage le magnifique premier violon de Sarah Nemtanu.
En seconde partie, une suite de ballet de Cendrillon de Prokofiev élaborée par le chef lui-même permet d’identifier dès l’Introduction comme celui-ci sait adapter les sonorités de sa formation aux répertoires joués, là où d’autres ont de plus en plus tendance à se faire valoir en abordant toutes les œuvres de la même façon. Alors, au regret de cors grêles dont ne ressort que le premier, se démarquent des trompettes puissantes et des percussions vives, toujours rigoureusement rythmées et équilibrées, avec de superbes parties sur glockenspiel-triangle (Arrivée de Cendrillon au bal) puis wood-block pour évoquer minuit (Valse-Coda), ainsi qu’encore une remarquable petite harmonie.
Construit sur trois figures de femmes traitées pour l’une en poème symphonique, pour la seconde en poèmes chantés et pour la dernière en ballet, ce concert démontre une fois de plus l’esprit des programmes du National de France et la qualité actuelle de l’orchestre.
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Auditorium de la Maison de la Radio, Paris Le 13/10/2022 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de l’Orchestre National de France sous la direction de Cristian Măcelaru, avec la participation de la soprano Siobhan Stagg à la Maison de la Radio, Paris. | César Franck (1822-1890)
Psyché, mouvements symphoniques
Maurice Ravel (1875-1937)
Shéhérazade, trois poèmes sur des vers de Tristan Klingsor
Siobhan Stagg, soprano
Sergueï Prokofiev (1891-1953)
Cendrillon, suite de ballet
Orchestre National de France
direction : Cristian Măcelaru | |
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