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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert la Philharmonie tchèque sous la direction de Semyon Bychkov, avec la participation du violoncelliste Gauthier Capuçon à la Philharmonie de Paris.
Déflagrations tchèques
De passage à Paris pour deux soirs, l’Orchestre Philharmonique Tchèque et Semyon Bychkov accompagnent d’abord le violoncelle généreux mais hors-style de Gautier Capuçon dans le Premier Concerto de Joseph Haydn, avant de transmettre une incroyable puissance dans une Symphonie n° 11 de Dmitri Chostakovitch d’une rare justesse.
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Comme en 2019, la Philharmonie tchèque retrouve Gautier Capuçon lors de cette tournĂ©e 2022, oĂą il s’attèle au Concerto pour violoncelle n° 1 de Haydn, choix habile comme carte de visite de l’orchestre, car l’œuvre crĂ©Ă©e vers 1769 n’a Ă©tĂ© retrouvĂ©e qu’en 1961 dans les archives du château de RadenĂn, avant d’être recrĂ©Ă©e Ă Prague un an plus tard sous la direction de Charles Mackerras.
Il aurait fallu la retenue d’un violoncelle plus sobre que celui du Français, pour porter un Moderato où il joue de sa superbe au prix d’un style tout à fait inadapté, à l’opposé de la délicatesse des cordes de l’orchestre. Comparable à une voix, le magnifique Goffriller 1701 entre dans l’ouvrage en poitrinant, avant de se rendre quasi inaudible dans l’aigu, pour souvent paraître ensuite trop sirupeux voire très surjoué (cadence de Britten) et surtout trop romantique, avec un Adagio où l’on pense presque à une partie soliste de Korngold au milieu d’un ensemble chambriste superbement classique.
Le bis fait le lien avec la seconde partie avec une transcription du Prélude pour violon et piano op. 34 de Chostakovitch due à Capuçon en personne, avec laquelle il peut s’épancher à loisir, remercié chaleureusement par un public venu l’écouter nombreux. À l’opposé, la Symphonie n°11 de Chostakovitch atteint des sphères déjà touchées lorsque le chef russe avait joué dans cette même salle la Cinquième avec Amsterdam ou la Septième à Prague la saison passée, dans la merveilleuse salle du Rudolfinum plus frontale que la Philharmonie de Paris pour les violents climax.
D’une parfaite gestion des équilibres et d’une facilité à porter la récurrence du thème principal dans l’Adagio initial, Bychkov marque par sa maturité dans une partition déjà enregistrée à deux reprises, où il développe aujourd’hui encore mieux le splendide cantabile des cordes. Liée par les pizz qui achèvent ou débutent la plupart des mouvements, l’Opus 103 est délivré comme un véritable poème symphonique sur l’année 1905, dont la fusillade du 9 janvier déploie un souffle surpuissant, à même de clouer l’auditoire à son siège.
Lent à monter, le crescendo surprend d’abord par des timbales presque trop calmes, pour en réalité exploser dans une géniale canonnade des cuivres et percussions. Sublimes, les bois ressortent tout particulièrement de l’Adagio, tandis que les harpes émeuvent dès leur accord liminaire, à lui seul suffisant pour assombrir le climat, suivies de cordes glacées avant que n’interviennent les trompettes, splendides dans leurs solos. Au Tocsin, les bassons précèdent l’intervention mélancolique du déchirant cor anglais, suivi d’une ultime déflagration, d’autant plus puissante qu’aujourd’hui encore, l’armée russe est l’assaillant.
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Philharmonie, Paris Le 17/10/2022 Vincent GUILLEMIN |
| Concert la Philharmonie tchèque sous la direction de Semyon Bychkov, avec la participation du violoncelliste Gauthier Capuçon à la Philharmonie de Paris. | Joseph Haydn (1732-1809)
Concerto pour violoncelle et orchestre n° 1 en ut majeur Hob. VIIb:1
Gautier Capuçon, violoncelle
Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
Symphonie n° 11 en sol mineur, op. 103 « L’année 1905 »
Česká filharmonie
direction : Semyon Bychkov | |
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