|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
|
Mein Traum, programme de l’ensemble Pygmalion sous la direction de Raphaël Pichon, avec le concours du baryton Stéphane Degout et de la soprano Judith Fa à la Philharmonie de Paris.
Rêve funèbre
Raphaël Pichon et son ensemble Pygmalion donnent un programme romantique autour de Schubert et quelques autres. Avec son prisme spirituel habituel, le chef entraîne ces pages connues et moins connues dans un contexte sans doute moins romantique et viennois, pour apporter un éclairage plus dramatique que le baryton Stéphane Degout épouse avec succès.
|
|
Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
[ Tous les concerts ]
|
Après les enfers chez Rameau et Gluck, les sept paroles chez Bach, Raphaël Pichon offre un parcours largement schubertien en trois parties, allant des thrènes, en passant par les mirages, pour aboutir à la mort et la transfiguration. Ce programme Mein Traum vient d’être publié en CD par Harmonia Mundi. Il se retrouve sans entracte et presque en entier, l’Ave Maria chanté au disque par Sabine Devieilhe est ici remplacé par un chœur, Coronach, orchestré par Robert Percival.
Si la déploration extraite de Lazare ouvre fort opportunément le propos, le choix d’Alfons et Estrella, notamment un chœur d’inspiration populaire sonne ici comme un détournement pour la cause du propos. Tout au long du concert, l’excellent chœur Pygmalion adopte un style religieux qui peut surprendre mais qui s’explique lui aussi par l’argument du programme. La netteté des lignes et la beauté de la prononciation de l’allemand sont en revanche un régal.
L’orchestre bien fourni offre des couleurs variées et des contrastes souvent saisissants. Les instruments d’époque, un vibrato réduit, tout concourt à donner une interprétation intéressante de l’Inachevée, au propos largement dramatisé et à l’articulation presque dansée. Pichon ne résiste pas à l’un de ses péchés mignons : l’intercalation d’une pièce entre les deux mouvements, en l’occurrence une pièce de Schumann, Meerfey, l’histoire tragique d’un batelier.
Acteur récurant de ce voyage funèbre, Stéphane Degout déclame son chant avec superbe. Toujours selon l’optique générale son interprétation du Doppelgänger orchestré par Liszt n’est pas le cauchemar romantique halluciné qu’on peut y entendre, mais plus une menace sinistre. Le monologue tiré des Scènes de Faust de Schumann prend une dimension toute spirituelle. Dans de courtes interventions, Judith Fa éclaire de son joli soprano le chemin, mais c’est Stéphane Degout qui revient pour un bis fort à propos : la Romance à l’étoile de Tannhäuser de Wagner.
Le pittoresque des vents de l’orchestre Pygmalion donne un caractère moins rêveur que d’ordinaire à l’introduction, tandis que Degout, qui n’a pas tout le legato demandé, compense par une compréhension remarquable du texte.
| | |
|
Philharmonie, Paris Le 19/10/2022 Thomas DESCHAMPS |
| Mein Traum, programme de l’ensemble Pygmalion sous la direction de Raphaël Pichon, avec le concours du baryton Stéphane Degout et de la soprano Judith Fa à la Philharmonie de Paris. | Franz Schubert (1797-1828)
Symphonie n° 8 « Inachevée » (1822)
Extraits de Lazarus (1820), Alfonso et Estrella (1821-1822)
Psaume 23 « Gott ist mein Hirt » (1820)
Coronach (1825)
Orchestration de Percival
Der Doppelgänger (1828)
Orchestration de Liszt (1860)
Gruppe aus dem Tartarus (1817)
Orchestration de Brahms (1871)
Robert Schumann (1810-1856)
Meerfey (1849)
Extrait des Scènes de Faust (1844-1853)
Carl Maria von Weber (1786-1826)
Extraits d’Oberon (1825-1826) et Euryanthe (1822-1823)
Chœur et orchestre Pygmalion
Stéphane Degout, baryton
Judith Fa, soprano
Ă©clairages : Bertrand Couderc
direction : Raphaël Pichon | |
| |
| | |
|