|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
|
Liederabend de la soprano Sabine Devieilhe, accompagnée au piano par Mathieu Pordoy à la Philharmonie de Paris.
Nouveaux territoires
C’est un authentique Liederabend qu’ont donné Sabine Devieilhe et Mathieu Pordoy dans la grande salle Pierre Boulez de la Philharmonie. Une soirée où l’intime s’est mêlé à l’éloquence la plus lyrique, dans un programme Berg-Wolf-Mozart-Strauss riche et exigeant, donné sans entracte pour une immersion réussie dans la poésie allemande.
|
|
Bons baisers d’Eltsine
RĂ©gal ramiste
L'Étrange Noël de Mrs Cendrillon
[ Tous les concerts ]
|
Quatre Lieder choisis parmi les vingt-trois Mélodies de jeunesse d’Alban Berg ouvrent le récital. Des miniatures exquises rarement chantées en concert à Paris, dont se détache Vielgeliebte schöne Frau sur un poème d’Heinrich Heine. L’intonation parfaite de Sabine Devieilhe, sa prononciation claire et sans affectation font naître les images. L’égalité soyeuse de sa voix culmine dans l’aigu longuement tenu à la toute fin sur « Frau », comme un envol.
L’harmonie simple de ces pages se prolonge un peu platement avec le Menuet en fa majeur pour piano seul, une pièce composée pendant les études du compositeur et qui aurait pu rester dans les tiroirs. Surtout, elle ne prépare pas du tout au changement tonal de Schliesse mir die Augen beide qui nous amène d’un coup au Berg le plus audacieux avant que la soprano ne détaille les merveilles de Die Nachtigall où le temps semble suspendu.
Le groupe des Lieder de Mozart est lui scindé en deux parties, séparées par un ensemble Wolf, une excellente idée qui évite que la succession de ces petits bijoux d’une grande simplicité n’instaure une monotonie. Devieilhe garde un ton intime qui sert la scénette de Goethe Das Veilchen avec délicatesse, tandis que le pianiste Mathieu Pordoy montre une maîtrise stylistique de bon aloi. Son toucher se modifie encore pour les Wolf où l’ironie de Mein Liebster ist so klein est si bien servie par les interprètes.
La mélancolie la plus prégnante suit avec l’Abendempfindung de Mozart, peut-être le sommet du récital. Le dernier groupe, celui de cinq Lieder de Richard Strauss entrecoupés d’une Rêverie pour piano solo, convient très naturellement à la tessiture élevée de la chanteuse, en particulier les vocalises ailées d’Amor. Mais là comme durant toute la soirée, c’est la beauté du médium de la soprano qui suscite la plus grande admiration et témoigne d’une superbe évolution de sa voix. Trois bis résumeront toutes les qualités de Sabine Devieilhe.
La caractérisation de Oiseaux, si tous les ans de Mozart enchante. Morgen de Strauss montre un lyrisme pleinement partagé entre la soprano et son très sensible accompagnateur. Enfin, le Solfegio en fa de Mozart qui préfigure le fameux solo de la Grande Messe en ut mineur, laisse le public dans la stratosphère.
| | |
|
Philharmonie, Paris Le 20/10/2022 Thomas DESCHAMPS |
| Liederabend de la soprano Sabine Devieilhe, accompagnée au piano par Mathieu Pordoy à la Philharmonie de Paris. | Alban Berg (1885-1935)
Jugendlieder (extraits) (1902-1907)
Menuet pour piano (1908)
Schliesse mir die Augen beide (1925)
Die Nachtigall (1907)
Hugo Wolf (1860-1903)
Albumblatt (1880)
Wie gläntz der Helle Mond (1880)
Italienisches Liederbuch (extraits) (1891-1896)
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Komm, liebe Zither (1780)
Das Veilchen (1785)
Abendempfindung an Laura (1787)
Menuet pour piano (1761)
Solfeggio K. 393 (1782)
Richard Strauss (1864-1949)
Meinem Kinde (1897)
Waldseligkeit (1901)
Winterweihe (1900)
Träumerei pour piano (1884)
Ihre Augen (1928)
Amor (1918)
Sabine Devieilhe, soprano
Mathieu Pordoy, piano | |
| |
| | |
|