|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
|
Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Mikhaïl Pletnev avec le concours de la violoniste Janine Jansen à la Philharmonie de Paris.
D’un violon l’autre
Le programme russe de Mikhaïl Pletnev avec l’Orchestre de Paris montre une direction qui paraît aborder Tchaïkovski à rebrousse-poil. Son approche anti-sentimentale convient davantage à Prokofiev. En dépit de la séduction du jeu de Janine Jansen, le souvenir violonistique de la soirée est laissé par la prestation de Michelle Ross, premier violon solo invité.
|
|
Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
[ Tous les concerts ]
|
Mikhaïl Pletnev fraîchement débarqué de l’Orchestre National Russe qu’il avait fondé en 1990 remplace ce soir Valery Gergiev qui ne dirige plus en Occident depuis le début de la guerre en Ukraine. Sculptant d’un geste sûr et sobre la matière orchestrale de l’ouverture-fantaisie Roméo et Juliette de Tchaïkovski, il tire de l’Orchestre de Paris une sonorité collective aussi dense que large.
De cette manière, les thèmes mélodiques apparaissent avec une plasticité marquée tandis que la forme sonate est fortement soulignée par le chef. Cette direction très articulée ignore la fièvre romantique du sujet et refuse tout effet théâtral jusqu’à produire un effet glacial. Le souci des formes qui habite le chef semble nettement plus en situation dans le Concerto pour violon n° 1 de Prokofiev qui suit.
Le jeu de la violoniste Janine Jansen relève manifestement d’une esthétique où l’élégance prime dans une cantilène ininterrompue toujours charmante. Elle passe sans doute à côté des accents souvent plus marqués et variés du concerto. Qu’importe, le chef construit autour d’elle un jeu orchestral d’une finesse renversante où les traits fusent sans jamais verser dans l’expressionnisme. L’œuvre prend toutes ses couleurs parisiennes dans un chatoiement incessant et une virtuosité aussi insaisissable que le plus habile des papillons.
Peu jouée dans son intégralité, la Troisième Suite de Tchaïkovski voit le retour à une sonorité puissante et à une articulation déterminée. Cette direction est presque antinomique au style sucré de l’œuvre : la valse se réduit par exemple à une décomposition rythmique abstraite mais de proportions parfaites. Une telle approche permet d’éviter le caractère pompier de la polonaise finale et de mettre en valeur les variations qui précèdent.
Surprise, la dixième d’entre elles permet à la violoniste solo invitée de briller d’un feu impétueux. La jeune Michelle Ross possède une projection ardente doublée d’une intonation à toute épreuve. Avec cette prestation, on se prend à rêver qu’elle prenne l’un des deux postes de premier violon solo vacants à l’Orchestre de Paris.
| | |
|
Philharmonie, Paris Le 09/11/2022 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Mikhaïl Pletnev avec le concours de la violoniste Janine Jansen à la Philharmonie de Paris. | Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
Roméo et Juliette, ouverture-fantaisie (1880)
SergueĂŻ Prokofiev (1891-1953)
Concerto pour violon n° 1 (1917)
Janine Jansen, violon
Piotr Ilitch TchaĂŻkovski
Suite n° 3 en sol majeur (1884)
Orchestre de Paris
direction : MikhaĂŻl Pletnev | |
| |
| | |
|