|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
|
Yuri Bashmet invité du cycle de musique russe au Musée d'Orsay.
Un Nijinsky de l'alto
Pour donner un écho musical à son exposition Nijinsky, le Musée d'Orsay de Paris vient d'entamer un cycle de musique russe balayant un vaste éventail de compositeurs, de Glinka à Chostakovitch. La présence de grands représentants de l'école russe comme Yuri Bashmet et les Solistes de Moscou constituait un temps fort du cycle.
|
|
Bons baisers d’Eltsine
Régal ramiste
L'Étrange Noël de Mrs Cendrillon
[ Tous les concerts ]
|
La musique de chambre est bien à sa place dans l'Auditorium du Musée d'Orsay. Elle y retrouve le caractère semi-confidentiel qui est l'un de ses charmes. Peut-être que dans un lieu plus vaste, devant un public plus nombreux, une oeuvre comme la sonate pour alto et piano de Glinka perdrait-elle ce qui la rend si séduisante, à savoir des couleurs discrètes, un climat pudiquement nostalgique, un lyrisme contenu.
On ne se situe pas ici dans la folie des contes traditionnels inspirant les opéras russes, mais dans l'intimité des salons de Saint Petersbourg où se nouent de diffuses intrigues amoureuses et où languissent les jeunes filles en quête de prétendant. La moelleuse sonorité de l'alto de Bashmet retrouve les accents des voix d'alto qui, elles aussi, exprimaient ces sentiments dans les mélodies de l'époque. En contrepoint français dans ce cycle russe, la deuxième sonate pour flûte alto et harpe de Debussy, avec laquelle on quitte cet univers un peu feutré pour une mélancolie plus avouée mais aussi plus lumineuse.
Bashmet s'est entouré de deux jeunes instrumentistes de réel talent, la flûtiste Juliette Hurel et la harpiste Marie Normant. Leur union est radieuse, et de cette rare alliance de trois timbres si divers résulte une irrésistible séduction. Et puis, c'est à nouveau Bashmet que l'on retrouve tout seul avec l'excellent Mikhaïl Muntian au piano pour la magnifique sonate pour alto et piano op. 147 de Chostakovitch. De Bashmet, on admire autant la technique qui permet les sons les plus effilés et les plus charnus, les aigus les plus subtiles et les graves les plus poignants, qu'un tempérament qui s'exprime sans réserve. Bref, russe jusqu'au bout du crin.
| | |
|
Musée d'Orsay, Paris Le 20/11/2000 Gérard MANNONI |
| Yuri Bashmet invité du cycle de musique russe au Musée d'Orsay. | Cycle de musique russe au Musée d'Orsay
Glinka, Debussy, Chostakovitch
Yuri Bashmet, alto
Juliette Hurel, flûte
Marie Normant, harpe
Mikhaïl Muntian, piano | |
| |
| | |
|