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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production de Si j’étais roi d’Adam dans une mise en scène de Marc Adam sous la direction de Robert Tuohy à l’Opéra de Toulon.
Perle d’orientalisme
Sans autre théâtre coproducteur, l’Opéra de Toulon remet à l’honneur le rare opéra-comique français d’Adolphe Adam Si j’étais roi, ouvrage léger porté par une mise en scène efficace de Marc Adam et une belle équipe musicale, dont se démarque la Néméa d’Armelle Khourdoïan, ainsi que la direction fluide de Robert Tuohy.
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Parmi les quelque quatre-vingts opéras d’Adolphe Adam, dont une large majorité d’opéras-comiques, Si j’étais roi fait partie des derniers, écrit en 1852 à la fin de la vie d’un compositeur aujourd’hui passé à la postérité pour un seul ballet, Giselle. Remis à l’honneur à l’Opéra de Toulon, dont on peut louer ce pari osé sans coproducteur ni apport du Palazzetto Bru Zane, l’opéra ravit par son orientalisme fantasmé du XIXe siècle, où Brahma est cité à foison.
En trois actes et un peu plus de deux heures, l’ouvrage utilise des images d’Orient pour créer une classique histoire d’amour, dans un lieu indéfini aux relents d’hindouisme, à l’instar de ceux qui attireront par la suite Meyerbeer pour Vasco de Gama, ou Delibes pour Lakmé. L’opéra conte l’histoire du pécheur Zéphoris, épris de la princesse Néméa qu’il a sauvée des eaux, mis à mal dans son amour par le méchant prince Kadoor, tous sous le regard joueur du roi Moussol.
Bien construite, notamment pour mettre en valeur les moments comiques, la mise en scène de Marc Adam intègre l’ouvrage dans une peinture orientaliste de l’époque de composition, représentant un port et ses bateaux à voiles, projetée sur un écran transparent joliment mouvant grâce aux décors et à des vidéos. Les costumes différencient ceux, classiques, de la foule et des nobles, et celui, moderne, de Zéphoris, ici agent d’entretien de musée qui intègre le temps d’un rêve le tableau face à lui, sur lequel il peint l’expression Si j’étais roi, prévue pour être inscrite d’après le livret sur le sable à la fin du I.
Sous le geste fluide et énergique pour joliment développer les couleurs de la fosse, avec des équilibres bien gérés jusqu’aux beaux soli de harpe ou de violoncelle, le chef Robert Tuoly s’accorde toujours au plateau, porté par la Néméa aux aigus projetés hauts d’Armelle Khourdoïan. Son amant et futur mari Zéphoris trouve le style comique de Stefan Cifolelli, juste un peu court en souffle en fin de phrase, là où le Piféar de Valentin Thill convainc dès son superbe air d’entrée, qui n’est pas sans rappeler celui du pêcheur Ruodi du Guillaume Tell de Rossini.
Jean-Kristof Bouton apporte ses graves chauds au Roi Moussol, avec lequel il joue à donner sa place le temps d’une journée à Zéphoris, dont il apprend les méfaits de Kadoor, amoureux détesté de Néméa, scéniquement et vocalement bien stimulé par le malveillant baryton Nabil Suliman. Eleonora Deveze pour Zélide et Mikhael Piccone complètent avec justesse une distribution accompagnée de petits rôles, tenus par les chanteurs d’un Chœur de l’Opéra de Toulon toujours en voix lorsqu’il doit chanter groupé.
Au sortir de cet ouvrage léger, on se prête à rêver que d’autres maisons puissent reprendre cette production, ou faire redécouvrir d’autres partitions d’un compositeur particulièrement prolifique.
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Opéra, Toulon Le 18/11/2022 Vincent GUILLEMIN |
| Nouvelle production de Si j’étais roi d’Adam dans une mise en scène de Marc Adam sous la direction de Robert Tuohy à l’Opéra de Toulon. | Adolphe Adam (1803-1856)
Si j’étais roi, opéra-comique en trois actes (1852)
Livret d’Adolphe Ennery et Jules-Henri Brésil
Choeur et Orchestre de l’Opéra de Toulon
direction : Robert Tuoly
mise en scène : Marc Adam
décors : Roy Spahn
costumes : Magali Gerberon
éclairages : Hervé Gary
vidéos : Paulo Correia
préparation des chœurs : Christophe Bernollin
Avec :
Armelle Khourdoïan (Néméa), Eleonora Deveze (Zélide), Stefan Cifolelli (Zéphoris), Jean-Kristof Bouton (Moussol), Nabil Suliman (Kadoor), Valentin Thill (Piféar), Mikhael Piccone (Zizel), Jean Delobel (L’esclave), Frédéric Jean (Atar), Jean-François Verdoux (L’Adigar), Didier Siccardi (Le médecin), Patrick Sabatier (La voix). | |
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