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CRITIQUES DE CONCERTS 21 décembre 2024

Nouvelle production de La Flûte enchantée de Mozart dans une mise en scène de Johanny Bert et sous la direction d'Andreas Spering à l'Opéra national du Rhin.

De la vie des marionnettes
© OpĂ©ra national du Rhin

L'Opéra du Rhin propose pour les fêtes de fin d’année une Flûte enchantée alternant deux distributions dans une audacieuse mise en scène signée du comédien et plasticien Johanny Bert, qui fait la part aux marionnettes avec un Orchestre symphonique de Mulhouse particulièrement en forme sous la direction d'Andreas Spering.
 

Opéra du Rhin, Strasbourg
Le 12/12/2022
David VERDIER
 



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  • On pourrait considĂ©rer qu'une FlĂ»te enchantĂ©e pendant les fĂŞtes, c'est la garantie de remplir une salle. L'OpĂ©ra du Rhin a parfaitement rĂ©ussi son pari, sans cĂ©der pour autant Ă  l'exigence artistique en faisant appel au comĂ©dien, plasticien et marionnettiste Johanny Bert, qui cĂ©lèbre sa première production lyrique.

    Connu pour son travail autour de la compagnie XXX, il offre une lecture originale qui sait ne pas prendre à la lettre le livret pour dégager des arrière-plans expressifs mêlés d'allusions au film de Bergman. Passons sur les notes d'intentions bavardes sur les questions du genre et de l'identité, car l'ampleur de ces explications est en contradiction avec un résultat bien sage et discret.

    Tout au plus notera-t-on un Papageno androgyne, ouvert à rencontrer un ou une Papagena (idée gâchée par la séance de la ponte des œufs), ou bien encore cette Pamina qui refuse à Tamino la vision patriarcale de princesse de conte de fée et lui-même mis à nu, perdant par morceaux sa belle armure de chevalier.

    La première partie concentre l'essentiel des idées et des thèmes, donnant à l'opposition lumières-ténèbres une place dominante, grâce à de subtils éclairages. Ainsi, ce serpent manipulé à vue, ou bien cette ampoule éclairée avec laquelle les Dames bâillonnent Papageno. Le décor isole le monde des initiés dans une galerie dominant une scène placée en contrebas où ont lieu les épreuves.

    Pamina est la fille d’un couple Sarastro-Reine de la nuit divorcé. Sarastro est vu sous les traits d'une impressionnante marionnette de vieillard manipulée à vue sur son fauteuil roulant promené par l'interprète qui chante le rôle. La Reine de la nuit a échoué dans un appartement sordide où elle essaie de soigner sa dépression et ses crises dont l'hystérie se reflète parfaitement dans ses airs.

    Les épreuves déploient magie et onirisme, comme ce double mouvement où les marionnettistes deviennent eux-mêmes des marionnettes manipulant d'autres marionnettes et s'envolant dans les cintres. Le triomphe un peu guindé du couple Tamino-Pamina montre comment s'effondre le vieux monde des adultes dont les leçons sont désormais obsolètes, remplacé par de jeunes monarques qui finiront eux-mêmes par vieillir.

    Vocalement, le Tamino de Trystan Llyr Griffiths offre présence et ampleur, parfaitement en phase avec la Pamina d’Hélène Charpentier, qui sait domestiquer un aigu parfois fluet. La Reine de la nuit de Marie-Eve Munger manque d'aisance, trop nasale et avec des intonations flottantes dans l’aigu. Michael Borth impose un Papageno goguenard et moqueur, d'un bel abattage tandis qu'Elisabeth Boudreault fait oublier en exagérant quelques pitreries la ligne vocale pas toujours régulière de sa Papagena. Le Danois Nicolai Elsberg est exceptionnel en Sarastro, avec un timbre nourri d'une ombre satinée, un phrasé et un art du legato à tirer des larmes.

    La cohérence du chœur fait entendre un jeu de lignes claires et affirmées, parfaitement conduites par un Andreas Spering au geste sûr et fervent. À la tête d'un Orchestre de Mulhouse réduit, le chef allemand joue la carte gagnante du brio et de la vivacité, donnant à la fable une énergie et un abattage qui soulignent l'allure épique avec une belle qualité de timbres et d'attaques.




    Opéra du Rhin, Strasbourg
    Le 12/12/2022
    David VERDIER

    Nouvelle production de La Flûte enchantée de Mozart dans une mise en scène de Johanny Bert et sous la direction d'Andreas Spering à l'Opéra national du Rhin.
    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Die Zauberflöte, Singspiel en deux actes (1791)
    Livret d’Emmanuel Schikaneder

    Chœur de l’Opéra national du Rhin
    Orchestre symphonique de Mulhouse
    direction : Andreas Spering
    mise en scène : Johanny Bert
    décors : Amandine Livet.
    costumes : Pétronille Salomé
    Ă©clairages : David Debrinay
    marionnettistes : Valentin Arnoux, Chine Curchod et Faustine Lancel
    préparation des chœurs : Hendrik Haas

    Avec :
    Trystan Llyr Griffiths (Tamino), Hélène Charpentier (Pamina), Nicolai Elsberg (Sarastro), Marie-Eve Munger (La Reine de la nuit), Michael Borth (Papageno), Elisabeth Boudreault (Papagena), Peter Kirk (Monostatos), Julie Goussot (Première Dame), Eugénie Joneau (Deuxième Dame), Liying Yang (Troisième Dame), Manuel Walser (L’Orateur), Iannis Gaussin (Premier Homme en armes), Oleg Volkov (Deuxième homme en armes), Helisende Nuss, Nathalie Adleiba et Lily Ledermann (Knaben).

     


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