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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Version concert de La Clémence de Titus de Mozart sous la direction de Ben Glassberg à l'Opéra de Rouen Normandie.
Une fiévreuse Clémence
Belle soirée mozartienne à l'Opéra de Rouen Normandie avec cette Clémence de Titus dirigée avec fougue par le Britannique Ben Glassberg, vainqueur 2017 du Concours de Besançon. Le plateau reprend en grande partie celui de la captation discographique parue chez Alpha avec au sommet Anna Stéphany, Simona Houda-Šaturová et Ed Lyon.
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Après une Flûte enchantée mise en scène par Pierre Rigal en juin, Ben Glassberg, directeur musical de l'Opéra de Rouen, revient avec un autre opéra de Mozart, cette fois en version concert. Cette Clémence de Titus fait partie des projets ajournés par la crise Covid et dont le disque a heureusement gardé la trace avec une récente parution chez Alpha. Nous sommes loin ici de la porcheria tedesca (cochonnerie allemande), qualificatif employé avec jalousie par l'impératrice Marie-Louise d'Espagne à la création de l'ouvrage à Prague en 1791.
La direction vive et fiévreuse de jeune Britannique baigne cet opera-seria d'une italianité débordante, souvent poussée à bout par des tempi et des accents d'une urgence qui frise la précipitation et le spectaculaire. L'ouverture survole les accents et la finition du phrasé, quasi martelée et percussive, avec des cuivres dont le soin impeccable réussit la prouesse de résister à des assauts véhéments qui regardent du côté d'Harnoncourt, sans les équilibres ni le drame intime créés par ce dernier.
La pulsation des cordes garde cet abattage effréné qui en étouffe par endroits la couleur, calibré par un geste d'une vigueur et une tension qui jamais ne se relâche au risque de fatiguer l'écoute en durcissant jusqu'aux rares moments où l'action implore un attendrissement, à l'exception des interventions d’Accentus placé très en arrière du plateau et dont on notera en particulier la glorieuse scansion du Che del ciel.
À l'exception d'Ed Lyon remplaçant Nicky Spence dans le rôle-titre, l'ensemble de la distribution correspond à la version enregistrée. Capable au prix d'un effort sensible dans les prises d'air d'une projection héroïque, le ténor britannique campe un personnage dont l'humanité hésite entre naïveté et colère. Surmontant le redoutable Se all’impero au prix d'une relative raideur dans les agilités, il cède progressivement en intérêt à la partie féminine du plateau, particulièrement au Sesto d'Anna Stéphany, interprète remarquablement nuancée, dotée d'une admirable présence en scène. Aérien et racé, son Parto tire des larmes là où Deh per questo istante solo finit de convaincre de la qualité exceptionnelle de l'interprète.
Simona Houda-Šaturová donne à Vitellia les contrastes et les arrière-plans psychologiques d'un personnage pris entre ambition et repentir. Dans le récitatif accompagné Ecco il punto, elle fait entendre dans les vocalises une maîtrise du souffle qui allie la précision à l'émotion. Chiara Skerath en Servilia et Victoire Bunel en Annio complètent le tableau avec des voix dont l'alliage et la légèreté du timbre campent avec grâce la candeur juvénile et les émois amoureux de leurs personnages, sans oublier le remarquable Publio de Luigi De Donato dont le brio et l'aplomb font définitivement oublier la notion de second rôle.
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Théâtre des Arts, Rouen Le 14/12/2022 David VERDIER |
| Version concert de La Clémence de Titus de Mozart sous la direction de Ben Glassberg à l'Opéra de Rouen Normandie. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
La Clemenza di Tito, opera-seria en deux actes (1791)
Livret de Pietro Metastasio adaptĂ© par Caterino MazzolĂ
Anna Stéphany (Sesto)
Victoire Bunel (Annio)
Simona Houda-Šaturová (Vitellia)
Chiara Skerath (Servilia)
Luigi De Donato (Publio)
Ed Lyon (Tito)
Chœur Accentus
Orchestre de l'Opéra de Rouen Normandie
direction : Ben Glassberg | |
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