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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Jukka-Pekka Saraste avec le concours du pianiste Alexandre Kantorow à la Philharmonie de Paris.
Sans entrave
Flamme romantique et modernité futuriste se succèdent dans un concert de musique russe où le piano d’Alexandre Kantorow éblouit dans le mal aimé Concerto n° 2 pour piano de Tchaïkovski, alors que le cadre puissant et rigoureux établi par la direction de Jukka-Pekka Saraste conduit l’Orchestre de Paris au triomphe dans la Symphonie n° 4 de Chostakovitch.
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Le Deuxième Concerto de Tchaïkovski demande impérativement des interprètes d’exception afin de pallier les inégalités d’une composition par endroit bien bavarde. Ce soir, les astres sont alignés et particulièrement brillants. Au firmament, Alexandre Kantorow sidère tant par l’aisance que la beauté de son jeu. Aucun trait d’octave ou autre piège technique ne semble lui poser la moindre difficulté. Le pianiste paraît s’amuser follement dans l’immense cadence de l’Allegro brillante, au point que les longueurs de ce mouvement disproportionné face aux deux autres passent comme un charme.
Il faut ajouter que la direction altière de Jukka-Pekka Saraste n’est pas en reste et que les solistes de l’Orchestre de Paris assurent leur partie avec virtuosité et chaleur. L’Andante non troppo voit la lyrique élégante d’Eichi Chijiwa au violon, et l’intensité proprement passionnée du violoncelle d’Éric Picard rivaliser, tandis que les arpèges de Kantorow émerveillent. Son toucher est d’une variété qui ne met jamais en danger l’égalité de la sonorité ou la clarté du discours. Deux bis récompensent les acclamations du public. La Valse triste de Franz von Vecsay dans son adaptation réalisée par György Cziffra prolonge le romantisme du concerto. Vers la flamme de Scriabine déploie encore davantage de magie pianistique jusqu’à l’embrasement final.
Œuvre parmi les plus singulières de son auteur, la Symphonie n° 4 de Chostakovitch réquisitionne largement les forces de l’Orchestre de Paris, puisqu’elle nécessite plus de cent-vingt musiciens ! Ces derniers trouvent ici en Saraste le passeur indispensable pour ne pas sombrer dans l’alternance toute mahlérienne de tutti et de passages chambristes. Le bras du chef ne fatigue jamais et son geste produit une fresque qui rappelle celle enregistrée jadis par André Previn à Chicago.
Aucun trait n’est forcé et toutes les formes musicales sont respectées dans un cadre qui évolue du pianissimo au plus incroyable quadruple fortissimo jamais entendu dans cette salle. Jusqu’à l’ultime accord marqué morendo, toute la folle inventivité de la partition peut se développer sans aucune entrave dans une interprétation démontrant vraiment combien Chostakovitch refusait alors tout repentir compositionnel face aux sombres pressions du régime stalinien.
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Philharmonie, Paris Le 12/01/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Jukka-Pekka Saraste avec le concours du pianiste Alexandre Kantorow à la Philharmonie de Paris. | Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
Concerto pour piano n° 2 (1879-1880)
Alexandre Kantorow, piano
Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
Symphonie n° 4 (1934-1936)
Orchestre de Paris
direction : Jukka-Pekka Saraste | |
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