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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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Premier concert de l’Orchestre symphonique de Londres sous la direction de Simon Rattle à la Philharmonie de Paris.
La forĂŞt lumineuse
Bois, lumière, silence : ces éléments font rentrer en profonde correspondance musicale le programme élaboré par Simon Rattle. Dans les deux poèmes symphoniques de Sibelius et la Septième Symphonie de Bruckner, l’Orchestre symphonique de Londres se révèle par sa beauté de timbres et la fluidité irrésistible de son jeu un instrument idéal.
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Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
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En voyant la salle Pierre Boulez pleine à craquer, on avoue avoir craint pour la concentration du public. Ouvrir un programme par les rarissimes Océanides de Sibelius demande immédiatement une qualité d’écoute et de silence à la hauteur de la délicatesse des premières mesures tout en transparence. L’appréhension se dissipe comme brume au soleil tant les spectateurs se montrent attentifs tout au long de la soirée. Sans doute la beauté de timbres de l’Orchestre symphonique de Londres y est-elle pour quelque chose.
Sur le tapis soyeux des cordes, les flûtes chatoient. Simon Rattle éclaire particulièrement le poème symphonique. Les trémolos ont ce soir quelque chose de la musique de Frederick Delius tandis que les ombres portées dans les eaux transparentes sans dramatisme excessif rappellent la forêt en lisière du Pelléas de Debussy. L’élément sylvestre est lui au cœur de la pièce suivante, Tapiola, dont l’introduction sur roulement de timbales fait écho à celle de la précédente.
Rattle travaille les résonances acoustiques de la manière la plus élusive qui soit. Les variations thématiques ne sont jamais accentuées et ici encore maints passages trouvent plus de couleurs françaises que d’âpreté scandinave. Ce poème psychologique passe du presque silence par des violences aussi abruptes que brèves pour retourner d’où il est venu. Disposées en fond de scène sur une seule ligne, les contrebasses forment comme un mur sonore qui s’évanouit alors comme un mirage.
Le recours à une nouvelle édition (celle de Benjamin-Gunnar Cohrs) de la Symphonie n° 7 de Bruckner n’explique pas à lui seul une durée d’exécution réduite à soixante minutes. Depuis ses années à Birmingham, Rattle a fréquemment dirigé la musique de Bruckner et l’on constate un resserrement progressif de ses tempos. Ce caractère cursif marquant s’accompagne d’un travail sur les demi-teintes plutôt que sur les oppositions entre musique de chambre et masses orchestrales développées par d’autres directions.
Ce soir le travail sur les infimes variations qui traversent cette musique rappelle singulièrement celui effectué durant la première partie de programme. Après un Adagio lumineux et sans pathos, le Scherzo offre une animation joyeuse, tandis la dernière partie du Finale fait entendre avant l’ultime péroraison un passage pianissimo d’une manière complètement surnaturelle. Partout, les couleurs boisées de l’Orchestre symphonique de Londres font merveille sans jamais cacher la lumière.
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Philharmonie, Paris Le 14/01/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Premier concert de l’Orchestre symphonique de Londres sous la direction de Simon Rattle à la Philharmonie de Paris. | Jean Sibelius (1865-1957)
Les Océanides (1914)
Tapiola (1926)
Anton Bruckner (1824-1896)
Symphonie n° 7 (1883)
London Symphony Orchestra
direction : Simon Rattle | |
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