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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert Schumann de l’Orchestre National de France sous la direction de Daniele Gatti à l’Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique, Paris.
Le retour du maître
Déjà impressionnant pour son intégrale Schumann de 2015, Daniele Gatti revient en maître cette saison devant l’Orchestre National de France pour reprendre les quatre symphonies, le deuxième concert démontrant la maîtrise totale du chef pour porter un discours vif et intérieurement agité, particulièrement adapté aux tourments du compositeur.
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La récente parution au disque d’une intégrale des symphonies par Barenboïm ou les essais toujours trop pesants d’un Thielemann rappellent à quel point interpréter les œuvres de Schumann est compliqué, surtout pour parvenir à en dégager le mal-être de l’artiste, tout en réussissant à maintenir une ligne vive et alerte.
C’était pourtant ce qu’avait déjà réussi Daniele Gatti l’avant-dernière saison de son mandat à l’Orchestre National de France, devant lequel il revient aujourd’hui avec une maîtrise encore plus impressionnante, le geste toujours libre, mais d’une exactitude de tempo et d’une précision de tous les instants. Et c’est ce qui ressort dès la Symphonie n° 2, cette fois couplée à la Quatrième alors qu’il l’avait accolée à la Rhénane il y huit ans.
Avec une petite soixantaine de musiciens pour correspondre à l’effectif de la création par Mendelssohn (49 exécutants), le chef milanais crée immédiatement une atmosphère réflexive avec l’apparition du motif générateur à la trompette, avant de déclencher par les cordes toujours très déliées de grands tourments intérieurs, marqués dès le Sostenuto assai, puis très énergiques dans un Scherzo qu’il se permet d’accélérer particulièrement dans sa coda, sans jamais perdre aucun pupitre de son ancienne formation, dans un grand soir.
Un long temps de pause permet de calmer les esprits pour l’Adagio espressivo, moins pensif qu’on aurait pu le croire et surtout porté par les bois français, tandis que des cordes se démarque toujours le soutien chargé, Gatti recherchant à son habitude les couleurs sombres des musiciens, comme il sait les magnifier lorsqu’il dirige la Staatskapelle de Dresde, dont il vient de prendre la direction musicale en plus d’avoir gardé celle du Mahler Chamber Orchestra.
Les coups de timbales du Finale montrent un destin inéluctablement obscur, mais laisse le répit d’un entracte, avant une Symphonie n°4 encore plus puissante, évidemment proposée dans sa version révisée de 1851. Particulièrement beethovénienne, la pesanteur des premières mesures est ici presque brucknérienne, tant la plénitude des cordes rappelle les grands adagios du compositeur autrichien.
Puis le matériau tente à nouveau de se dynamiser, voire de s’alléger grâce aux parties plus aérées des bois, bien que les cordes maintiennent toujours un discours empli d’angoisse, dont les tourments ne peuvent jamais véritablement s’échapper. Pleine de contrastes, l’interprétation profite d’un ONF encore plus juste qu’en première partie, à l’image des cuivres sublimes du Finale ou du superbe solo de violon de Sarah Nemtanu, en reprise d’un impeccable hautbois pour initier la Romanza.
À réécouter sur France Musique.
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Auditorium de la Maison de la Radio, Paris Le 01/02/2023 Vincent GUILLEMIN |
| Concert Schumann de l’Orchestre National de France sous la direction de Daniele Gatti à l’Auditorium de la Maison de la Radio et de la Musique, Paris. | Robert Schumann (1810-1856)
Symphonie n° 2 en ut majeur op. 61
Symphonie n° 4 en ré mineur op. 120
Orchestre National de France
direction : Daniele Gatti | |
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