Né d’une initiative du directeur des lieux, habitué depuis des années à loger pour quelques nuits les artistes de passage à la Maison de la Radio, une masterclass de chant a vu le jour cette année sous la bienveillance de la soprano Chen Reiss. Au programme, deux airs par participante pour un concert d’une heure trente environ, constitué d’œuvres allant de Bach à Menotti en passant par Johann ou Richard Strauss.

Dans le beau salon de musique trône entre les bouteilles de grands vins et les tableaux un demi-queue Yahama, qui rappelle par sa superbe sonorité qu’il existe des alternatives à la surreprésentée marque Steinway. À son clavier, le doigté toujours vivant de Morgane Fauchoix s’y montre parfaitement adapté pour accompagner les sept chanteuses, certaines devant un public pour la première fois de leur vie.

La Belge Kristien Doumen débute avec une Nuit d’étoiles de Debussy dont le français ressort correctement, en plus de montrer surtout un soin particulier à développer le caractère du poème. Elle se dévoilera encore plus à l’aise en Agathe dans un air du Freischütz en deuxième partie. La Croate Anja Papa présente plus de volume, pour un aigu encore un peu agressif au début d’Adieu notre petite étable de Massenet, cependant superbement achevé par une émotion parfaitement distillée.

La Japonaise Mami Yoshioka tente un air de L’Élixir d’amour dont l’italien ressort moins précis que son français pour Massenet (Werther) ensuite, tandis que sa compatriote s’attèle aux Zeffiretti Lusinghieri d’Idoménée, très bien gérés dans la partie la plus haute, où la troisième participante japonaise, Ayaka Nakajima, se placera également avec un extrait d’Alcina de Haendel, puis avec un dernier air très exalté de La Somnambule de Bellini en fin de soirée.

Deux Allemandes complètent la classe, visiblement très bien gérée par Chen Reiss vu la qualité globale des prestations. Clara Heupgen débute par un air de Bach encore trop peu précis sur sa langue natale, tandis qu’ici, le piano bien mesuré dans le continuo à la main gauche part déjà vers la dynamique opératique d’un Mozart à la main droite. Menotti en seconde partie de soirée, montrera un anglais lui aussi encore à affiner par la jeune soprano.

Sans doute l’artiste la plus convaincante de la soirée, Leyli Alina Schoefer ravit sans prendre de risque, puisqu’elle propose avec la conviction et la clarté d’une habituée deux airs d’un rôle qu’elle prépare pour Weimar bientôt, celui d’Adèle et ses deux grands airs Mein Herr Marquis et Spiel ich die Unschuld vom Lande, tirés de La Chauve-souris de Johann Strauss.