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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de l’AcadĂ©mie nationale Sainte-CĂ©cile de Rome sous la direction d’Antonio Pappano avec le concours du pianiste VĂkingur Ă“lafsson Ă la Philharmonie de Paris.
Le style débraillé
L’entrain, la chaleur interprĂ©tative ne font pas tout dans un concert. La prestation d’Antonio Pappano et de ses musiciens de l’Orchestre de l’AcadĂ©mie nationale Sainte-CĂ©cile de Rome est l’illustration d’un certain manque de rigueur. Celle du pianiste VĂginkur Ă“lafsson amène quant Ă elle Ă douter de sa propre musicalitĂ© dans le Concerto en sol de Ravel.
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Antonio Pappano est un musicien accompli, cultivé et particulièrement averti des questions stylistiques. Comment peut-il alors diriger la Symphonie Classique de Prokofiev de manière aussi outrée que ce soir ? L’Orchestre de l’Académie Sainte-Cécile caracole sans retenue dès l’Allegro avec une surenchère d’accents qui éloignent l’œuvre du style néoclassique auquel elle appartient. Les modulations harmoniques enflent au point de distendre la subtile mécanique de cette symphonie. Suivant ce régime appuyé, les vents sont à la peine et si l’ensemble garde un entrain sympathique, l’impression de débraillé domine.
Tout se resserre pour le Concerto pour piano en sol de Ravel qui suit. La direction tranchante de Pappano construit un cadre contrastĂ© avec de belles couleurs opposant l’acidulĂ© des cuivres Ă la chaleur des cordes. Le pianiste islandais VĂkingur Ă“lafsson se plaĂ®t Ă dĂ©tailler le dĂ©but du premier mouvement. Son jeu très vertical devient hĂ©las de plus en plus massif pour atteindre un effet mat, sans esprit et sans chant. C’est rĂ©dhibitoire pour l’Adagio dont le cĂ´tĂ© Ă©thĂ©rĂ© bascule dans un effet d’appauvrissement.
Le Finale voit la prise du pouvoir par le virtuose impavide, insensible au dialogue avec les vents et conduisant à une lourdeur rarement entendue dans cette musique. En réponse à la réception triomphale de cette exécution capitale, Ólafsson offre au public deux bis, faisant de l’Andante de la Sonate pour orgue BWV 528 de Bach un assourdissant crescendo et dénaturant Les Heures et les arts des Boréades de Rameau dans une mélasse informe.
Dans ce contexte, on espérait beaucoup de la Symphonie n° 5 de Sibelius qui complétait le programme. Sans doute trop. Pappano et ses musiciens romains y mettent une grande générosité et beaucoup de couleurs. Les cellules constitutives de cette musique se dilatent au point que l’on ne sait plus trop où on en est, en particulier dans l’Andante. En vain cherche-t-on un signe ou des cygnes dans le débordement conclusif de la symphonie. Un dernier bis, Nimrod des Variations Enigma d’Elgar résume cette direction, chaleureuse mais débraillée, finalement hors style.
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Philharmonie, Paris Le 02/02/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l’Orchestre de l’AcadĂ©mie nationale Sainte-CĂ©cile de Rome sous la direction d’Antonio Pappano avec le concours du pianiste VĂkingur Ă“lafsson Ă la Philharmonie de Paris. | SergueĂŻ Prokofiev (1891-1953)
Symphonie n° 1 « Classique » (1917)
Maurice Ravel (1875-1937)
Concerto pour piano en sol majeur (1931)
VĂkingur Ă“lafsson, piano
Jean Sibelius (1865-1957)
Symphonie n° 5 (1919)
Orchestra dell’Accademia nazionale Santa Cecilia
direction : Antonio Pappano | |
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