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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Joana Mallwitz, avec le concours du pianiste Igor Levit à la Philharmonie de Paris.
FĂŞlures et raffinements
Présente pour deux soirs devant l’Orchestre de Paris, Joana Mallwitz ouvre son programme par une Symphonie inachevée de Schubert raffinée, puis livre un Concerto pour piano n° 9 de Mozart léger avec Igor Levit, avant de surtout se démarquer dans la Symphonie n° 2 de Kurt Weill, où elle met à profit les timbres des musiciens français.
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Placer l’Inachevée en ouverture de concert, sauf si c’est avec un message volontairement fort comme l’avait fait Claudio Abbado pour son dernier programme, crée sinon le risque de jouer l’ouvrage sans lui donner toute l’envergure qu’il peut posséder dans d’autres contextes. D’une ressemblance bluffante avec la cheffe de fiction Lydia Tár campée à l’écran par Cate Blanchett, Joana Mallwitz livre une version raffinée de l’œuvre à la Philharmonie, où des gestes encore stricts servent surtout à maintenir bien concentré un Orchestre de Paris dont ressort particulièrement la petite harmonie.
Utilisé en grande formation dans la partition schubertienne, l’ensemble rentre beaucoup moins dense sur la scène après l’ajout du Steinway, pour accompagner Igor Levit dans un Concerto pour piano n° 9 de Mozart lui aussi très fin. En dialogue avec l’orchestre dès le début de l’Allegro, le pianiste délivre toujours sa parfaite agilité, avec cependant ce manque de poids dans le phrasé remarqué depuis la période du confinement.
Interrompu comme la symphonie par des applaudissements entre les mouvements, le concerto reprend par un Andantino tout aussi léger, joliment développé par le piano et bien accompagné par la cheffe et la formation parisienne, sans non plus parvenir à toucher, la mélancolie étant trop absente de cette vision. Dynamique, le Rondo conclut l’ouvrage de la même manière, ensuite suivi d’un étonnant bis, l’Humoresque de Rodion Schedrin.
En seconde partie, l’orchestre revenu au grand complet présente une œuvre visiblement admirée de la jeune génération, puisqu’après Lahav Shani récemment à Rotterdam, Joana Mallwitz propose la Symphonie n° 2 de Kurt Weill à Paris ; une partition créée par Bruno Walter à Amsterdam en 1934, au début de l’exil imposé par l’arrivée au pouvoir des Nazis en Allemagne.
Débutée à Berlin, cette Symphonie Fantaisie achevée à Louveciennes profite d’une formation française impliquée par la direction de la cheffe, qui parvient à appliquer une parfaite netteté aux fêlures de l’écriture, et met à profit les musiciens et plus particulièrement les bois. Également excellent, le violoncelliste Éric Picard prouve encore qu’il est le meilleur chef d’attaque de l’ensemble, magnifique dans tous ses solos, tandis que se remarque également la prestation du premier violon invité Guillaume Chilemme, habituellement à ce poste à l’Orchestre d’Auvergne et sérieux prétendant à cette place à l’Orchestre de Paris.
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Philharmonie, Paris Le 09/02/2023 Vincent GUILLEMIN |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Joana Mallwitz, avec le concours du pianiste Igor Levit à la Philharmonie de Paris. | Franz Schubert (1797-1828)
Symphonie n° 8 en si mineur D 759
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Concerto pour piano n°9 en mib majeur KV 271 « Jeunehomme »
Igor Levit, piano
Kurt Weill (1900-1950)
Symphonie n° 2 « Fantaisie symphonique »
Orchestre de Paris
direction : Joana Mallwitz | |
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