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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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RĂ©cital du pianiste Geoffroy Couteau Ă la Salle Gaveau, Paris.
Dilemme de l’amour
D’un programme d’une grande intelligence, où le dernier Schubert, celui des Klavierstücke D 946, Liszt et la Troisième Sonate de Brahms, compositeur dont il s’est fait une spécialité se répondent sur les antagonismes amoureux, le pianiste Geoffroy Couteau joue à la salle Gaveau un piano très nourri et chantant, bouleversant et bouleversé.
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La transcription réalisée par Liszt du Lied de Schubert Der Wanderer n’est pas l’œuvre de ce genre la plus fréquemment jouée. En la choisissant pour ouvrir son récital, Geoffroy Couteau se singularise. La gravité introspective du morceau frappe d’autant que le pianiste apporte une clarté impitoyable aux grondements qui brossent le paysage de l’errance. Si la section médiane chante, la conclusion jouée sans emphase aucune cueille à froid le public qui reste silencieux.
Le pianiste s’élance ensuite dans un des derniers chefs-d’œuvre de Schubert, les Trois Klavierstücke qui recèlent eux aussi bien des aspects sombres. L’Allegro assai pris avec détermination mais sans rapidité excessive ouvre la voie à des développements plus retenus. La main droite se fait déchirante dans les grandes péroraisons. Geoffroy Couteau tend les lignes jusqu’au dernières résonnances de son Yamaha.
La détresse va un peu plus loin avec la deuxième pièce dont le pianiste souligne la nostalgie. La variété des rythmes offerts dans la dernière pièce semble perdre très légèrement le pianiste moins à l’aise dans cette liberté rhapsodique, qui retrouve une clarté de ligne pour la Méphisto-valse qui clôt brillamment la première partie. La beauté du bronze des accords est confondante et les arpèges chantent au point qu’on se prend à rêver à des Années de pèlerinage sous ces doigts.
Reconnu comme un des spécialistes de la musique de Brahms, Couteau sacrifie ce soir à cette réputation justifiée en programmant la Sonate pour piano n° 3. Après les portiques magistraux du premier mouvement, l’exergue mis au pied de l’Andante en affirmant « ici, deux cœurs amoureux sont unis / et s’enlacent, bienheureux » vient s’opposer à la première partie du récital où le voyageur constatait : « Où tu n'es pas, là est le bonheur ».
Couteau retrouve ici la plus grande simplicité et distille une légère inquiétude avec un lyrisme discret. Comme si le pianiste était trop ému par cette musique, les trois autres mouvements n’atteignent peut-être pas cette perfection séraphique. Deux valses, toujours de Brahms, données en bis reviennent à une mélancolie très élégante.
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Salle Gaveau, Paris Le 13/02/2023 Thomas DESCHAMPS |
| RĂ©cital du pianiste Geoffroy Couteau Ă la Salle Gaveau, Paris. | Franz Liszt (1811-1886)
Transcription du Lied Der Wanderer de Schubert (1876)
MĂ©phisto-valse (1862)
Franz Schubert (1797-1828)
Trois KlavierstĂĽcke D 946 (1828)
Johannes Brahms (1833-1897)
Sonate pour piano n° 3 op. 5 (1853)
Geoffroy Couteau, piano | |
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