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CRITIQUES DE CONCERTS 31 octobre 2024

RĂ©cital du pianiste Geoffroy Couteau Ă  la Salle Gaveau, Paris.

Dilemme de l’amour
© Thomas Deschamps

D’un programme d’une grande intelligence, où le dernier Schubert, celui des Klavierstücke D 946, Liszt et la Troisième Sonate de Brahms, compositeur dont il s’est fait une spécialité se répondent sur les antagonismes amoureux, le pianiste Geoffroy Couteau joue à la salle Gaveau un piano très nourri et chantant, bouleversant et bouleversé.
 

Salle Gaveau, Paris
Le 13/02/2023
Thomas DESCHAMPS
 



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  • La transcription rĂ©alisĂ©e par Liszt du Lied de Schubert Der Wanderer n’est pas l’œuvre de ce genre la plus frĂ©quemment jouĂ©e. En la choisissant pour ouvrir son rĂ©cital, Geoffroy Couteau se singularise. La gravitĂ© introspective du morceau frappe d’autant que le pianiste apporte une clartĂ© impitoyable aux grondements qui brossent le paysage de l’errance. Si la section mĂ©diane chante, la conclusion jouĂ©e sans emphase aucune cueille Ă  froid le public qui reste silencieux.

    Le pianiste s’élance ensuite dans un des derniers chefs-d’œuvre de Schubert, les Trois Klavierstücke qui recèlent eux aussi bien des aspects sombres. L’Allegro assai pris avec détermination mais sans rapidité excessive ouvre la voie à des développements plus retenus. La main droite se fait déchirante dans les grandes péroraisons. Geoffroy Couteau tend les lignes jusqu’au dernières résonnances de son Yamaha.

    La détresse va un peu plus loin avec la deuxième pièce dont le pianiste souligne la nostalgie. La variété des rythmes offerts dans la dernière pièce semble perdre très légèrement le pianiste moins à l’aise dans cette liberté rhapsodique, qui retrouve une clarté de ligne pour la Méphisto-valse qui clôt brillamment la première partie. La beauté du bronze des accords est confondante et les arpèges chantent au point qu’on se prend à rêver à des Années de pèlerinage sous ces doigts.

    Reconnu comme un des spĂ©cialistes de la musique de Brahms, Couteau sacrifie ce soir Ă  cette rĂ©putation justifiĂ©e en programmant la Sonate pour piano n° 3. Après les portiques magistraux du premier mouvement, l’exergue mis au pied de l’Andante en affirmant « ici, deux cĹ“urs amoureux sont unis / et s’enlacent, bienheureux Â» vient s’opposer Ă  la première partie du rĂ©cital oĂą le voyageur constatait : « OĂą tu n'es pas, lĂ  est le bonheur Â».

    Couteau retrouve ici la plus grande simplicité et distille une légère inquiétude avec un lyrisme discret. Comme si le pianiste était trop ému par cette musique, les trois autres mouvements n’atteignent peut-être pas cette perfection séraphique. Deux valses, toujours de Brahms, données en bis reviennent à une mélancolie très élégante.




    Salle Gaveau, Paris
    Le 13/02/2023
    Thomas DESCHAMPS

    RĂ©cital du pianiste Geoffroy Couteau Ă  la Salle Gaveau, Paris.
    Franz Liszt (1811-1886)
    Transcription du Lied Der Wanderer de Schubert (1876)
    MĂ©phisto-valse (1862)
    Franz Schubert (1797-1828)
    Trois KlavierstĂĽcke D 946 (1828)
    Johannes Brahms (1833-1897)
    Sonate pour piano n° 3 op. 5 (1853)
    Geoffroy Couteau, piano

     


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