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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert des membres de l’Orchestre symphonique de San Francisco sous la direction artistique de Nico Muhly, avec le concours des chefs Esa-Pekka Salonen et Ross Jamie Collins, et de la pianiste Yuja Wang à la Cité de la musique, Paris.
Boîte sans alcool
La petite résidence parisienne du San Francisco Symphony débute par une soirée immersive d’un nouveau genre. La Soundbox concoctée par Nico Muhly joue des rapports de certains compositeurs avec la musique de leurs prédécesseurs. Présentation simple et chaleureuse, enchaînement très fluide des pièces, excellence des musiciens : une réussite à réitérer.
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Lumière fortement tamisée et projections de figures abstraites apaisantes, le spectateur prend place dans une ambiance inusitée pour de la musique contemporaine. Depuis 2014, l’ambitieuse série Soundbox de l’Orchestre de San Francisco se veut un laboratoire musical conçu pour attirer un public plus jeune et diversifié vers le classique sans sacrifier l’excellence artistique. Si la salle des concerts de la Cité de la musique ne ressemble sans doute pas à l’entrepôt où est produite cette série, l’espace modulable a permis l’installation de trois zones : la scène traditionnelle, et au milieu du public, une estrade pour le quatuor à cordes et plus loin un piano.
L’ensemble permet un enchaînement très fluide des courtes pièces présentées. Le compositeur Nico Muhly en charge de cette édition a choisi le thème des codes auxquels une partition est soumise, en particulier ceux pouvant la relier aux musiques du passé. Cela va du simple arrangement comme l’adaptation exquise qu’il a réalisée pour ensemble de chambre de deux motets de William Byrd, à la réutilisation d’un même matériel thématique comme dans Blueprint de Caroline Shaw, où la compositrice utilise des bribes du Quatuor à cordes n° 6 de Beethoven pour un résultat troublant et subtil.
Des projections sur trois écrans complètent un dispositif immersif. La très joyeuse Fantaisie réalisée à partir de la musique d’Henry Purcell de Peter Maxwell-Davies se voit accompagnée de tableaux de Brueghel dont les personnages truculents se mettent à s’animer en rythme pour un effet drolatique. Esa-Pekka Salonen a choisi pour fêter les 90 ans de l’architecte une pièce pour treize instruments où le matériau du Prélude de la Partita n° 3 pour violon de Bach apparaît et disparaît dans le scintillement d’une composition très espiègle au nom bien trouvé : Fog (brouillard). Ici la vidéo est celle d’un paysage de bord de mer… embrumé, qui rappelle le travail de Bill Viola.
Dialoguant à trois reprises en duo avec des musiciens du San Francisco Symphony, la pianiste Yuja Wang met toute son éloquence dans les extraits des Useful Expressions de Nico Muhly. Elle est rejointe à la fin par le compositeur pour un quatre mains : l’arrangement très sobre du choral de l’Actus tragicus de Bach réalisé par György Kurtág.
Le partenariat entre l’orchestre californien et la Philharmonie fait espérer d’autres soirées rafraîchissantes. Pour cette première édition parisienne, la formule n’a pas attiré un public nouveau contrairement à ce qui se passe sur la côte Pacifique. Il faut souligner une différence notable à Paris : l’absence de l’open bar qui permet consommer des boissons pendant l’écoute ! Une formule qui a d’ailleurs un coût puisque à San Francisco les billets d’entrée sont proposés au prix de 125 dollars.
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Cité de la Musique, Paris Le 09/03/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Concert des membres de l’Orchestre symphonique de San Francisco sous la direction artistique de Nico Muhly, avec le concours des chefs Esa-Pekka Salonen et Ross Jamie Collins, et de la pianiste Yuja Wang à la Cité de la musique, Paris. | Nico Muhly (*1981)
Deux motets de William Byrd (2007)
Upright, Codeshare et Shortcut (Useful Expressions) (2023)
Peter Maxwell Davies (1934-2016)
Fantasia on a Ground and Two Pavans (1968)
Caroline Shaw (*1982)
Blue Print (2016)
John Dowland (1563-1626) / Nico Muhly
Time Stands Still (1603/2018)
François Couperin (1668-1733)
Les Baricades mistérieuses (1717)
arrangement : Thomas Adès (1994)
Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Prélude (Partita n° 3) (1720)
Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit (Actus tragicus) (1707)
arrangement : György Kurtág (1974-1991)
Esa-Pekka Salonen (*1958)
Fog (2019)
Billy Childs (*1957)
Prelude and Allegro, extrait de Four portraits for solo violin (2016)
Yuja Wang, piano
Membres de l’Orchestre symphonique de San Francisco
direction : Esa-Pekka Salonen & Ross Jamie Collins
projections et lumières : Adam Larsen & Luke Kritzek | |
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