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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Nouvelle production du Rossignol de Stravinski et des Mamelles de Tirésias de Poulenc dans une mise en scène d'Olivier Py, sous la direction de François-Xavier Roth au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Les folies de la rampe
C'est avec un curieux diptyque mis en scène par Olivier Py au Théâtre des Champs-Élysées que se termine la trilogie Poulenc débutée en 2018 avec les Dialogues des carmélites. Sous la direction de François-Xavier Roth, Le Rossignol de Stravinski et Les Mamelles de Tirésias de Poulenc font la part belle à Sabine Devieilhe et Jean-Sébastien Bou.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 13/03/2023
David VERDIER
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Olivier Py avait débuté son cycle en 2018 avec de beaux Dialogues des carmélites. Après La Voix humaine / Point d'orgue en 2021, c'est avec un autre diptyque qu’il se conclut. A priori, peu de rapport entre Le Rossignol et Les Mamelles de Tirésias, si ce n'est une citation de Poulenc soulignant l'influence qu'avait eue pour lui la partition de Stravinski.
Le metteur en scène s'empare de ces deux sujets qu'il juxtapose – ou plutôt place dos à dos au sein d'une astucieuse scénographie mettant en jeu la symbolique d'Éros et Thanatos, combinée avec un jeu de permutation qui permet au spectateur de voir deux fois le même spectacle côté coulisses puis côté scène.
Tandis que derrière le rideau, l'empereur agonise en attendant le chant du Rossignol, la luxure et le délire règnent en maîtres de l'autre côté, avec cette Mort couronnée qui rôde d'un côté et de l'autre. Tant pis si la première partie confine parfois à l'ennui, avec pour seule animation l'irruption de personnages disparates comme le Pêcheur, le Bonze ou la Cuisinière.
La seconde partie donne à voir l'intrigue côté scène, dans un écrin écarlate où les néons font un écho visuel inversé à la tristesse qui règne au même moment dans les coulisses. L'action se déroule dans le Zanzibar, cabaret gay où se croisent des éphèbes et un Monsieur Loyal papillonnant, autour d'une intrigue basée sur l’appel tapageur d'Apollinaire à repeupler la France de la grande boucherie de 14-18.
Passant à côté de la caricature qui tire à vue sur les va-t-en-guerre, les symboles du pouvoir et les féministes, Olivier Py est en roue libre, alignant les éléments caractéristiques de son vocabulaire scénique : glamour, travestissement, music-hall interlope. Cette histoire où Thérèse humilie son mari et le contraint à procréer seul devient le prétexte à enterrer les références auxquelles Apollinaire faisait allusion sous une pluie de strass et de paillettes.
Qui verrait encore une allusion aux tranchées dans ces furtifs masques à gaz devenus accessoires fétichistes sur le même plan que ce phallus géant d'où jaillit de la mousse ? Ce déluge de premier degré anéantit les arrière-plans qui pourraient émerger de la succession des intrigues, notamment le fait que derrière ce feu d'artifice, un personnage solitaire meurt en coulisses.
Sabine Devieilhe est le point focal de cette production. Les longues vocalises épousent les moindres nuances de son instrument, donnant à ce Rossignol une forme d'élégance. Moins à son aise côté bouffe, elle peine à remplir le peu d'espace que lui laissent les ensembles. La surface vocale est sollicitée au point que les couleurs s'affadissent ; un défaut que ne connaît pas Victor Sicard, dont la voix d'airain est peu sollicitée en Bonze mais épate en flic gay bodybuildé.
Cyrille Dubois et Francesco Salvadori amusent la galerie dans un concours d'abattage entre Lacouf et Presto. Rodolphe Briand promène sa dégaine impayable, mi-grosse dame mi-lapin géant, tandis que Lucile Richardot tire brillamment son épingle du jeu dans le personnage de la Mort. Scéniquement trop corseté pour faire oublier une ligne instable, Laurent Naouri peine à séduire alors que Jean-Sébastien Bou réussit en Mari le numéro comique surligné par la mise en scène.
L'impeccable chœur Aedes est curieusement confiné dans les étages du Zanzibar, tel un décor (bien) chantant. La direction élégante et animée de François-Xavier Roth donne une carrure et un brio à cette curieuse entreprise dans laquelle les Siècles doivent montrer des qualités assez paradoxales et pas forcément complémentaires.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 13/03/2023 David VERDIER |
| Nouvelle production du Rossignol de Stravinski et des Mamelles de Tirésias de Poulenc dans une mise en scène d'Olivier Py, sous la direction de François-Xavier Roth au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Igor Stravinski (1882-1971)
Le Rossignol, conte lyrique en trois actes (1914)
Livret du compositeur et Stephan Mitousov d’après Andersen
Version française
Francis Poulenc (1899-1963)
Les Mamelles de Tirésias, opéra bouffe en un prologue et deux actes (1946)
Livret de Francis Poulenc d’après Apollinaire
Ensemble Aedes
Les Siècles
direction : François-Xavier Roth
mise en scène : Olivier Py
décors et costumes : Pierre-André Weitz
Ă©clairages : Bertrand Killy
préparation des chœurs : Mathieu Romano
Avec :
Sabine Devieilhe (Le Rossignol, Thérèse-Tirésias / La Cartomancienne), Cyrille Dubois (Le Pêcheur / 1er émissaire japonais, Le Journaliste parisien / Monsieur Lacouf), Chantal Santon Jeffery (La Cuisinière, Une dame élégante), Laurent Naouri (Le Chambellan, Le Directeur de théâtre), Victor Sicard (Le Bonze, Le Gendarme), Rodolphe Briand (Un émissaire japonais, Le Fils / Une grosse dame), Francesco Salvadori (Un émissaire japonais, Monsieur Presto), Jean-Sébastien Bou (L’Empereur de Chine, Le mari de Thérèse), Lucile Richardot (La Mort, La Marchande de journaux). | |
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