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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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RĂ©cital du pianiste Iddo Bar-ShaĂŻ Ă la salle Gaveau, Paris.
Les ombres mélancoliques
À la salle Gaveau, le récital du pianiste Iddo Bar-Shaï fait une place de choix à un répertoire qu’il sert avec une subjectivité unique : les pièces pour clavier de François Couperin. Des mazurkas de Scriabine prises à contrepied intéressent moins que celles de Chopin jouées avec un engagement presque douloureux.
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Comme il est singulier d’ouvrir un récital par l’Adagio en si mineur K. 540 de Mozart ! Ce qu’Alfred Brendel a qualifié de « musique de passion sous forme de monologue intérieur » plonge immédiatement l’auditeur dans une sombre introspection, d’autant qu’Iddo Bar-Shaï étire le tempo douloureusement et accentue les silences. La modulation finale ouvre cependant vers le monde plus tendre des Rozeaux de François Couperin.
Bar-Shaï a enregistré il y une dizaine d’année chez MIRARE un album très remarqué consacré à ce compositeur. Ce soir, il enchaîne avec délicatesse neuf pièces, dont les troublantes Ombres errantes, ou les très ornées Fauvétes plaintives. Le pianiste joue d’une sonorité ciselée et lumineuse avec un art consommé de l’égalité des notes mais il s’abandonne aussi dans les chromatismes subtils qui parsèment avec une mélancolie prégnante la plupart des pièces. Avec Les Barricades mystérieuses cette première partie du récital s’achève comme un songe éveillé. Le pianiste poursuit après l’entracte avec une sélection de mazurkas.
Curieusement, il ne choisit pas de commencer par le modèle chopinien mais par une sélection de pièces de Scriabine. Ces pages qui ne sont pas les plus fréquemment jouées de leur compositeur, s’éloignent parfois considérablement de leur modèle à l’instar des Deux mazurkas op. 40. Toutefois Bar-Shaï n’en souligne pas vraiment le caractère fantasque. C’est finalement lorsqu’il aborde un choix de mazurkas de Chopin que le pianiste israélien joue à fond les ruptures de tempo et de chromatisme qu’on aurait davantage attendu dans celles de Scriabine.
Son Chopin sonne haut en couleurs et passionné jusqu’à la douleur. Cette véritable prise de risque suscite quelques accrocs et bouleverse les proportions de ces pièces. La Polonaise-Fantaisie amène une conclusion plus convenue au récital. En bis, après une mazurka de Chopin, deux Couperin dont un merveilleux Rossignol-en-Amour nous ramène aux ombres délicatement mélancoliques du début de soirée.
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Salle Gaveau, Paris Le 22/03/2023 Thomas DESCHAMPS |
| RĂ©cital du pianiste Iddo Bar-ShaĂŻ Ă la salle Gaveau, Paris. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Adagio en si mineur K. 540
François Couperin (1668-1733)
Les Rozeaux
Les Tambourins
Les Ombres errantes
SĹ“ur Monique
Le Dodo, ou l’Amour au Berceau
Les Fauvétes Plaintives
Le Tic-Toc-Choc, ou les Maillotins
La Couperin
Les Barricades mystérieuses
Alexandre Scriabine (1871-1915)
Mazurkas op. 3 n° 3, 7 et 10
Mazurka op. 25 n° 3
Deux mazurkas op. 40
Frédéric Chopin (1810-1849)
Quatre mazurkas op. 24
Mazurka, op. 17 n° 4
Polonaise-fantaisie en lab majeur
Iddo Bar-ShaĂŻ, piano | |
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