En cours de développement, l’association Sourire de Passy offre après plusieurs cessions de masterclasses son premier concert officiel, dans le Salon de l’Hôtel Sourire, à deux pas de la Maison de la Radio. Chen Reiss est à nouveau l’invitée de marque, bientôt suivie d’Hilary Hahn, annoncée pour le 22 avril ; le lendemain de son concert avec le Philharmonique de Radio France.

Initialement prévu comme un récital piano-voix, celui-ci a quelque peu évolué pour laisser une petite place à deux étudiants du Royal Northern College of Music de Manchester, dont la violoniste Kate Bordoni, qui ouvre le concert avec le premier mouvement Concerto n° 5 de Mozart. Toujours en étude, la jeune soliste présente encore quelques petites imprécisions dans les passages les plus rapides, mais affiche un vrai engagement dans le jeu, particulièrement bien travaillé pour la cadence.

En milieu de programme, le clarinettiste Joshua Pyman s’attèle pour sa part aux Fantasiestücke de Schumann, avec une qualité de souffle qui démontre déjà la technique solide du musicien, tout aussi pertinent dans sa façon d’aborder avec un style différent les trois pièces. Dans les deux cas, les artistes sont accompagnés par le pianiste Nico de Villiers, également entendu soliste avec Ständchen de Schubert puis Widmung de Schumann transcrits par Liszt.

Entre ses pièces, Chen Reiss s’intègre d’abord avec cinq lieder de Mahler, dont les trois premiers sont tirés du Knaben Wunderhorn. Reinlegendchen permet alors de profiter de la clarté de la soprano lyrique, en même temps que de la découvrir comme véritable conteuse, alors qu’on l’a plus souvent entendue à l’opéra ou dans les Symphonies n°2 et 4 du compositeur. Puis elle trouve une émotion contenue pour les plus matures Rückert-Lieder, dont sont proposés Ich Atmet’einen Linden Duft et Liebst du um Schönheit, bien accompagnés par le piano.

En dernière partie, elle s’attèle aux Vier Letzte Lieder de Richard Strauss dans une inédite -et très bonne- transcription pour clarinette, violon et piano de Ross Fiddes. Frühling met quelque peu en difficulté la clarinette, mais laisse déjà s’exalter la chanteuse, tandis que September offre de beaux solos aux trois instruments. Beim Schlafengehen montre l’agilité de Reiss dans le registre aigu, toujours lyrique et éclatante, avant de devenir plus sobre pour affiner le rendu d’Im Abendrot, conclusion d’un concert qu’on espère le premier d’une belle série dans ce salon !