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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital du pianiste Alexandre Kantorow à la Philharmonie de Paris.
La nuit du poète
Ambiance des grands soirs à la Philharmonie pour le récital du pianiste Alexandre Kantorow. La salle comble a fait un triomphe à ce jeu délié comme très peu. Un groupe inoubliable de Lieder de Schubert arrangés par Liszt est enserré par deux monuments de virtuosité non sans parenté : La Sonate n° 1 de Brahms et la Wanderer-Fantasie de Schubert.
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La Sonate pour piano n° 1 de Brahms correspond parfaitement aux caractéristiques du jeu d’Alexandre Kantorow aujourd’hui : contrastes et virtuosité. Le pianiste se joue de toutes les difficultés et arrive immédiatement à instaurer un climat antagoniste et pourtant équilibré où la fougue le dispute à la poésie. Chez lui, les muscles sont dissimulés par une sonorité de rêve, très longue dans l’acoustique de la salle Pierre Boulez mais toujours claire et jamais pesante ou cassante. Toutes ces qualités plastiques alliées à un cantabile bouleversant portent au pinacle un groupe de cinq Lieder de Schubert arrangés par Liszt.
Toute l’intériorité de la mélodie du Wanderer est immédiatement sienne et il faut convenir que les pages sombres lui conviennent encore plus que Frühlingsglaube. Die Stadt et Am Meer avec leurs accords prolongés emportent l’auditeur loin dans leurs jeux de résonnances. Jamais le chanteur ne manque tant Kantorow phrase la mélodie avec des subtilités qui sembles presque improvisées. Avec la Fantaisie-Wanderer de Schubert c’est un retour à l’élan juvénile que l’on trouvait chez Brahms.
Mais ici, la virtuosité demandée est telle qu’il y a peu de place pour des épanchements poétiques. L’écriture fuguée infernale de l’Allegro final ne provoque pourtant aucune dureté et Kantorow trouve toujours moyen de poser des nuances. La séquence des bis est conduite de main de maître avec pour commencer le bis signature du pianiste, la Valse triste de Franz von Vecsay dans son adaptation réalisée par György Cziffra estompe le virilisme du précédent morceau pour regagner une nostalgie que Litanei de Schubert arrangé par Liszt prolonge dans un chant à plusieurs voix.
Le troisième bis prend le public comme une tornade, celle de la Marche turque de Mozart dans la version Volodos. Les mains de Kantorow semblent littéralement disparaître du clavier tant leur vélocité provoque un effet stroboscopique. Le pianiste fait taire une dernière fois l’immense clameur du public avec Litanei de Schubert/Liszt où le poète/pianiste murmure aux âmes inquiètes pour les rassurer. Un récital dont les effets se prolongent tard dans la nuit.
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Philharmonie, Paris Le 27/03/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Récital du pianiste Alexandre Kantorow à la Philharmonie de Paris. | Johannes Brahms (1833-1897)
Sonate pour piano n° 1 en ut majeur op. 1 (1853)
Franz Schubert (1797-1828)
Der Wanderer (1816)
Der Müller und der Bach (1823)
Frühlingsglaube (1822)
Die Stadt (1828/1840)
Am Meer (1828)
Transcriptions de Liszt
Franz Schubert (1797-1828)
Wanderer-Fantasie D. 760 (1822)
Alexandre Kantorow, piano | |
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