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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert Richard Strauss de l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Fabien Gabel, avec le concours de la soprano Asmik Grigorian à la Philharmonie de Paris.
Au-dessus du volcan
Fabien Gabel vient sauver un programme Richard Strauss donné par l’Orchestre philharmonique de Radio France dans le cadre idéal de la Philharmonie de Paris. Une fois passées les chausse-trappes des Interludes d’Intermezzo, l’orchestre et son chef donnent un concert éruptif qui doit aussi beaucoup à la personnalité unique de la soprano Asmik Grigorian.
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Le concert a bien failli n’avoir jamais lieu : le mouvement social a entraîné la suppression d’un service de répétition et le directeur musical de l’orchestre a par la suite retiré sa participation. Tant et si bien que le chef Fabien Gabel arrivé à la rescousse n’a eu qu’un service de répétition et une courte générale pour mettre sur pied ce programme Richard Strauss dont il a fallu retirer la peu courue Légende de Joseph.
Les presque tout aussi rares Quatre interludes symphoniques d’Intermezzo ont en revanche été maintenus. Il est possible de présumer que le chef français n’avait pas cette œuvre à son répertoire et que les membres de l’Orchestre philharmonique de Radio France ne l’avaient jamais jouée. En tout cas, la fébrilité est perceptible dans Reisefieber und Walzers avec nombre d’accrocs et une raideur antinomique à l’esprit de la pièce. Les choses s’arrangent ensuite sauf dans le troisième interlude où l’orchestre semble de nouveau marcher sur des œufs.
Retour au répertoire des musiciens avec le monologue de Chrysothémis extrait de l’opéra Elektra. Commenter la tenue des chanteurs ou chanteuses ne dépasse pas habituellement l’intérêt de l’anecdotique. Ce soir, la robe en forme de sac aux épaulettes dignes des protections d’un joueur de football américain portée par Asmik Grigorian prête à sourire, mais c’est la première fois qu’on écoute une chanteuse classique portant des lunettes de soleil !
L’ensemble de la tenue communique à la Chrysothémis de Grigorian une sévérité inhabituelle, d’autant que la Lituanienne l’aborde avec une véhémence exceptionnelle. Cette petite sœur est ici toute aussi révoltée qu’Elektra. Le timbre corsé de son soprano laisse même percevoir des menaces dans ses reproches. Après ce portrait surprenant, Fabien Gabel dirige une Danse des sept voiles haute en couleurs à défaut d’y mettre la sensualité de la princesse de Judée. La scène finale de Salomé conclut ce programme donné sans entracte.
Plus encore que dans l’extrait d’Elektra, Asmik Grigorian doit lutter contre un orchestre plantureux qui a été écrit pour la fosse. Cela nécessite un engagement physique de chaque instant et justifie que la chanteuse n’apporte pas toutes les nuances qu’il est possible de réaliser sur scène. Salomé accomplie depuis son succès international au festival de Salzbourg en 2018, elle gère parfaitement la tension de cette longue page et projette admirablement sa voix. On est en revanche surpris par une prononciation de l’allemand pour le moins exotique voire à des écarts incompréhensibles avec le texte.
Qu’importe finalement puisque la soprano et l’orchestre nous donnent l’éruption volcanique attendue. Le concert est disponible sur ARTE Concert jusqu’à la fin septembre.
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Philharmonie, Paris Le 01/04/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Concert Richard Strauss de l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Fabien Gabel, avec le concours de la soprano Asmik Grigorian à la Philharmonie de Paris. | Richard Strauss (1864-1949)
Intermezzo (4 iinterludes symphoniques) (1924)
Elektra (monologue de Chrysothémis) (1909)
Salomé (Danse des sept voiles et scène finale) (1905)
Asmik Grigorian, soprano
Orchestre philharmonique de Radio France
direction : Fabien Gabel | |
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