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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Passion selon saint Matthieu de Bach sous la direction de Christophe Rousset Ă la Philharmonie de Paris.
Passion rocaille
La Passion selon saint Matthieu fait recettes à la Philharmonie de Paris. Toutefois ce concert dirigé par Christophe Rousset laisse circonspect. Son interprétation dédramatisée, certainement tendre et délicate appartient à un tout autre monde stylistique que celui du compositeur. L’Évangéliste expressionniste de Ian Bostridge ne fait qu’accuser un hiatus stylistique.
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L’univers de Bach n’est pas celui auquel on associe naturellement le travail de Christophe Rousset, plus ancré dans la musique française. Parfois, les confrontations stylistiques peuvent se montrer fécondes. D’autres fois, souvent, elles ne dépassent pas l’anecdotique. Ce soir, le choc s’annonce dès le chœur d’introduction de la Passion selon saint Matthieu de Bach. Le chef dirige avec délicatesse les forces de ses Talens Lyriques et du Chœur de chambre de Namur. Un tempo allant, d’une régularité imperturbable, l’absence de mise en valeur des mots par des accents : voilà une entrée en matière presque badine si l’on ne tient pas compte du texte dont la traduction s’affiche dans la salle.
On ne sait ce qu’en pense le ténor Ian Bostridge, mais lorsqu’il entonne le premier récitatif, il est indéniable que son Évangéliste appartient à un autre monde. Avec une projection très dramatique sa voix retient d’un style antinomique, très efficace et signifiant, mais expressionniste pour tout dire. Tout au long de la soirée, il raconte une histoire, celle de la Passion bien sûr, tandis que Rousset dessine des lignes détachées et élégantes qui ne font ni une illustration ni un commentaire.
Son équipe de chanteurs est inégale avec un Jésus chanté de manière transparente et sans doute peu audible pour le public de cette salle immense par Benjamain Appl, tandis que Thilo Dahlmann en charge des rôles de Judas, Pierre et Pilate compense une voix courte par une gestuelle envahissante. Le ténor James Way est celui des chanteurs qui correspond le mieux au style déployé par le chef en faisant de Ich will bei meinem Jesu wachen une exquise miniature. Les femmes s’en tirent avec les honneurs, surtout l’émouvante alto Mari Askvik aux airs de madone.
Les Talens Lyriques et l’excellent Chœur de chambre de Namur suivent avec soin le dessein du chef dont l’approche relève encore davantage de la dystopie avec la comparution de Jésus devant Caïphe, la montée au Golgotha et la mise au tombeau. Alors que l’Évangéliste sort de ses gonds, tonne et supplie, le chef demande au cœur des inflexions dignes d’une pastorale. Une approche certainement réfléchie mais dont on peine à comprendre pourquoi, entre autres manques, elle néglige autant le modèle informé dramaturgique de l’opera seria italien qui guide ici Bach.
Tout comme elle tient aussi peu compte de l’hommage du compositeur à la polyphonie de la Renaissance pour ne privilégier qu’une ligne baroque, typiquement française en l’occurrence, celle du style rocaille.
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Philharmonie, Paris Le 04/04/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Passion selon saint Matthieu de Bach sous la direction de Christophe Rousset Ă la Philharmonie de Paris. | Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Matthäus-Passion, BWV 244 (1729)
Ian Bostridge (L’Évangéliste)
Benjamin Appl (JĂ©sus)
Anna El-Khashem (soprano)
Mari Askvik (alto)
James Way (ténor)
Thilo Dahlmann (basse)
Chœur de chambre de Namur
Les Talens Lyriques
direction : Christophe Rousset | |
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