Dans un Théâtre des Champs-Élysées bien rempli, le National de France bénéficie pour son concert de la présence de la soprano Diana Damrau. Débutée sans elle, la scène finale de l’opéra Capriccio de Richard Strauss montre d’abord un orchestre en train de se régler, jusqu’à l’arrivée de l’artiste par le côté. Alors, elle peut reprendre la fin du rôle de la Comtesse Madeleine, endossé pour la première fois en intégralité l’été dernier à Munich, dans la production de David Marton importée de Lyon.

Et si elle tient en main sa courte partition, c’est plus pour trouver quelque chose à faire que pour véritablement la regarder. Bien accompagnée par le soyeux des cordes, Damrau délivre le texte avec précision, d’un timbre légèrement aigre sur la première intervention – à l’instar de celle du hautbois – pour ensuite s’éclairer avec le reste de la petite harmonie.

Très applaudie, la chanteuse revient en scène à plusieurs reprises et remercie le public avec un bis, attendue et évident, puisqu’il s’agit tout simplement du lied le plus connu de Strauss, Morgen, parfait pour mettre en avant la ductilité et la fluidité de la ligne de chant, autant que pour offrir une belle visibilité au violon solo de Luc Héry.

Auparavant, le National s’était démarqué par sa ferveur et la netteté de ses attaques dans Le Tombeau resplendissant d’Olivier Messiaen. Parfaitement cadencé par la gestuelle précise et vive de Cristian Măcelaru, l’ouvrage parmi les premiers du compositeur (bien qu’édité seulement après sa mort) trouve ici une interprétation de premier plan, marquée par les superbes moments de la clarinette de Patrick Messina.

Toujours excellent en seconde partie, l’instrumentiste ne suffit pas à porter une Symphonie n° 6 de Tchaïkovski entendue à de multiples reprises dans ces murs, notamment par cette formation et son ancien directeur musical, présent ce soir en spectateur parmi le public. Face à lui, le chef roumain ne sait véritablement quoi proposer et si à aucun moment il ne démérite, jamais il ne parvient à faire décoller l’ouvrage.

Dès l’Adagio introductif, l’orchestre dont on peut encore louer la petite harmonie ou le groupe des cors reste au niveau d’une lecture habituée plutôt qu’habitée de la partition. Passés un Allegro con grazia sans passion et un Allegro molto vivace assez dynamique, l’ultime symphonie du génie russe s’achève dans un Adagio lamentoso seulement terne, dont seuls quelques instants aux violons parviennent à faire ressortir le sentiment pathétique.