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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital du pianiste Mikhaïl Pletnev au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Correspondance poétique
Le récital de Mikhaïl Pletnev mêlant Dvořák et Brahms au Théâtre des Champs-Élysées relève de la poésie la plus inspirée. Impassible, très détendu face au clavier, le mage russe explore ces miniatures comme autant de mondes intérieurs tout en gardant un sens du récit qui dépasse largement le côté hédoniste de son jeu.
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La musique pour piano de AntonĂn Dvořák devient-elle Ă la mode ? On se souvient que l’annĂ©e passĂ©e Leif Ove Andsnes a jouĂ© et enregistrĂ© les Impressions poĂ©tiques. Ce soir, MikhaĂŻl Pletnev en donne des extraits auxquels il adjoint d’autres pièces du compositeur. Son propos est nĂ©anmoins diffĂ©rent puisqu’il mĂŞle ce programme Ă quelques chefs-d’œuvre beaucoup plus connus de Brahms. L’amitiĂ© entre les deux compositeurs est connue et documentĂ©e par des Ă©changes Ă©pistoliers. IntĂ©rĂŞt et admiration rĂ©ciproques animent leurs Ă©changes.
Si les deux compositeurs montrent un même amour pour le traitement thématique, celui-ci diffère chez l’un et chez l’autre. Brahms use de son thème comme d’un système fermé sur lui-même, tandis que Dvořák l’utilise de manière ouverte à de nouvelles inspirations. Mikhaïl Pletnev propose un savant feuilletage des deux univers qu’il alterne, choisissant essentiellement des pièces en mineur pour l’Allemand et des morceaux en majeur pour le Tchèque.
Pour autant, il est très intéressant de constater que sous ses doigts le reflet d’un état intérieur propre à Brahms rejoint les évènements plus extérieurs chers à Dvořák. Cela tient à ce que le jeu du Russe décortique Brahms comme autant de petites formes alors qu’il sort Dvořák de son côté salonard. Maître absolu de la miniature pianistique depuis toujours – on pense à son disque Grieg chez Melodiya – Pletnev est le conteur idéal pour ces musiques.
Avec son toucher jamais percussif, il phrase long toujours dans une perspective lyrique mettant l’auditeur dans la confidence. Le pianiste trouve les résonnances communes entre les deux compositeurs, tout naturellement par exemple entre le l’Intermezzo en ut# mineur de Brahms et l’Églogue en mi majeur de Dvořák. Au-delà de l’harmonie, un art souverain des couleurs tiré d’un piano Shigeru Kawaï nous promène en forêt, des coins clairs-obscurs aux clairières.
Pour les bis, Pletnev quitte cette correspondance poétique mais pas la magie. Un Nocturne en mib majeur op. 9 de Chopin détaillé comme une lente chorégraphie, et puis une Alouette de Glinka et Balakirev au chant éperdu et aux nuances miraculeuses.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 18/04/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Récital du pianiste Mikhaïl Pletnev au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Johannes Brahms (1833-1897)
Rhapsodie en si mineur op. 79 n° 1
Intermezzo en mib mineur op. 118 n° 6
Trois Intermezzi op. 117
Ballade en sol mineur op. 118 n° 3
AntonĂn Dvořák (1841-1904)
Menuets op. 258
Six Pièces op. 52 (extraits)
Huit Humoresques op. 101 (extraits)
Humoresque en fa# majeur B. 138
Églogue en sol majeur, op. 103 n° 3
Églogue en mi majeur, op. 103 n° 4
Moderato en la majeur, B. 116
Impressions poétiques, op. 85 (extraits)
MikhaĂŻl Pletnev, piano | |
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