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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Marin Alsop, avec la participation du pianiste David Fray à la Philharmonie de Paris.
Fil conducteur ténu
Ce concert de l’Orchestre de Paris et Marin Alsop, au programme éclectique, trouve sa source dans l’exposition Basquiat Soundtracks de la Philharmonie. L’inspiration est à double sens : Tuxedo de Basquiat a influencé la compositrice Hannah Kendall et l’Héroïque de Beethoven a irrigué l’imaginaire du peintre, sans pourtant que la sauce ne prenne dans cette soirée disparate.
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En s’inspirant du tableau Tuxedo de Jean-Michel Basquiat, Hannah Kendall compose Tuxedo : Vasco « de » Gama, une courte pièce pleine de tensions jusqu’à la seconde partie, très éthérée, introduite par un délicat dialogue glockenspiel-célesta. Les gestes amples et trop disparates de Marin Alsop empêchent cependant de faire suffisamment monter la tension pour marquer les contrastes de ces grandes parties. La fin en suspens n’est de fait pas très assumée par l’orchestre et rate son effet saisissant.
Pour la Symphonie n° 2 de Bernstein, le fil conducteur autour de Basquiat n’est pas explicite. On trouve dans cette symphonie atypique une partie dans le style ragtime The masque, influence du jazz que partage le peintre. David Fray, au fond de sa chaise, se saisit très bien de cette dynamique sautillante passagère. Dans les cinq autres parties, il défend avec virtuosité les états d’âme des protagonistes et cristallise leur insondable douleur par un toucher et une musicalité toujours à propos.
Seules les variations The Seven Stages semblent pointer une partition moins maitrisée. Marin Alsop, généreuse dans les sections dynamiques, manque toutefois de mélancolie et d’inquiétude notamment dans The Epilogue. Il en ressort une interprétation distanciée et pragmatique, empêchant de se plonger dans l’œuvre. Ce ressenti tient aussi au fait qu’il y a peu de communication entre le soliste et la cheffe et que chacun d’eux livre une vision différente de la pièce.
Dès l’Allegro con brio de l’Eroica, Alsop met en exergue le caractère noble de la symphonie, sa ligne de conduite durant toute l’œuvre. Un problème persiste cependant, elle n’arrive pas à galvaniser les pupitres de violons qui restent toujours en retrait ou surarticulent de façon caricaturale. La symphonie ne profite donc pas de cet élan vital indispensable. L’orchestre établit une belle atmosphère dans la célèbre Marche funèbre, qui finit par trouver la lumière tandis qu’Alsop sculpte finement les transitions, soutenue par un pupitre de contrebasses au sommet de son art.
Le Scherzo aurait mérité une plus grande prise de risque dans ses nuances mais a le mérite de la légèreté et de la finesse de la petite harmonie. Le Finale commence avec une véritable attention au sujet de la fugue et aux entrées en imitation grâce à un traitement facétieux. Mais le thème passe rapidement au second plan et devient trop pompeux.
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Philharmonie, Paris Le 20/04/2023 Chloë ROUGE |
| Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Marin Alsop, avec la participation du pianiste David Fray à la Philharmonie de Paris. | Hannah Kendall (*1984)
Tuxedo : Vasco « de » Gama
Leonard Bernstein (1918-1990)
Symphonie n° 2 « The Age of Anxiety »
David Fray, piano
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n° 3 en mib majeur op. 55 « Eroica »
Orchestre de Paris
direction : Marin Alsop | |
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