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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert du Quatuor Belcea avec le concours du pianiste Bertrand Chamayou au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Exaltation contagieuse
Pour le dernier Concert du dimanche matin de Jeanine Roze de la saison, le Quatuor Belcea, une formation fidèle à la série, présente un quatuor de jeunesse de Schubert dont il exalte le caractère juvénile plutôt que le chant. Il entraîne ensuite le pianiste Bertrand Chamayou dans une interprétation véloce et musclée du Quintette de Franck.
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Lorsque le Quatuor Belcea commence ce concert, on ne décèle pas de changement de sonorité dû au remplacement du violoniste Axel Schacher (annoncé comme empêché) par Esther Hoppe. Il faut dire que la Suissesse, chambriste confirmée, a joué avec les Belcea tout récemment à Strasbourg puis Munich, et que son jeu engagé s’intègre sans peine à l’esthétique de cette formation virtuose.
Le Quatuor n° 10 en mib majeur de Schubert appartient aux œuvres de jeunesse du compositeur mais présente déjà les raffinements à venir quelques années plus tard. Dans l’Allegro moderato, les Belcea cherche manifestement d’abord la douceur. Au fur et à mesure du développement, les accents des deux violons se font plus affirmés, et nous font quitter le monde du Lied pour l’opéra. Le très bref Scherzo et ses appels pépiants sonnent presque trop agressifs. Pour l’Adagio, les musiciens adoptent un ton solennel qui pourrait laisser plus de place aux nuances fragiles et au cantabile. La beauté sonore de leur ensemble tient plus de la brillance que de la méditation.
Très naturellement, l’Allegro final avec ses thèmes bondissants appelle toute leur virtuosité. L’exaltation semble à son comble quand se méprenant fâcheusement sur l’extrême articulation rythmique du quatuor, une partie du public éclate en bravos avant la fin du mouvement. Les musiciens prennent avec flegme cette interruption et avant de commencer la deuxième partie du concert, le violoncelliste Antoine Lederlin fait la remarque au public que c’est la première fois qu’il est applaudi pour un pizzicato !
Dès le début du Quintette pour piano et cordes en fa mineur de Franck, le violon de Corine Belcea occupe le devant de la scène dans un style éminemment dramatique. Le piano tout en moelleux de Bertrand Chamayou lui fait face en parfait contraste. La passion est là , mais la tendresse demandée sur la partition par le compositeur est mise à mal par une enchère expressive des cordes prématurée. On aurait aussi aimé plus de sonorités sourdes dans l’extraordinaire Lento con molto sentimento, du moins dans sa première partie.
Si Bertrand Chamayou semble particulièrement à l’écoute de ses partenaires, l’inverse est moins évident, du coup le mouvement perd un peu de ses qualités méditatives et spirituelles. Dans l’Allegro non troppo ma non fuoco, c’est au tour de Esther Hoppe de lancer ses traits. Les musiciens éclairent d’une lumière franche les évolutions chromatiques. Une dernière fois leur virtuosité folle prend le dessus jusqu’à une coda dantesque.
En bis, le Molto vivace du Quintette en la majeur de Dvořák est plus agité que jamais au point que le public se manifeste une nouvelle fois trop tôt.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 23/04/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Concert du Quatuor Belcea avec le concours du pianiste Bertrand Chamayou au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Franz Schubert (1797-1828)
Quatuor à cordes n° 10 en mib majeur, D. 87 (1813)
CĂ©sar Franck (1822-1890)
Quintette pour piano et cordes en fa mineur (1879)
Bertrand Chamayou, piano
Quatuor Belcea | |
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