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CRITIQUES DE CONCERTS 31 octobre 2024

Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours de la violoncelliste Sol Gabetta et du baryton Willard White à la Philharmonie de Paris.

Festin Ă©co-responsable
© Thomas Deschamps

Deux orchestrateurs hors-pair dans ce programme de l’Orchestre de Paris. La musique de variété de Chostakovitch dispense des charmes irrésistibles tandis que son Concerto pour violoncelle n° 2 joue l’intériorité et la sobriété. Une interprétation particulièrement violente du Festin de Balthazar fait ensuite presque s’écrouler les murs de la Philharmonie.
 

Philharmonie, Paris
Le 31/05/2023
Thomas DESCHAMPS
 



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    Heureusement, cette expérience mitigée est complètement occultée par la Suite pour orchestre de variété n° 1 de Chostakovitch qui a été longtemps connue sous l’appellation illogique de Deuxième suite pour orchestre de jazz, alors qu’elle n’a pas de rapport avec le monde du jazz. Dès la Marche initiale, l’Orchestre de Paris sidère par son éclat, sa vivacité à traduire la multiplicité des ambiances convoquées par le compositeur, ici particulièrement joueur et espiègle.

    Très détendu, adaptant sa gestique à ce répertoire évoluant entre musique de film, musique légère et musique circassienne, Klaus Mäkelä garde une clarté de tous les instants et trouve une expressivité ravageuse sans jamais forcer le trait. Bien que le programme se poursuive avec une autre œuvre de Chostakovitch, la rupture ne pouvait pas être plus grande : le Concerto pour violoncelle n° 2 n’appartient en rien à la même veine. L’austérité tragique s’y déploie en outre très longuement, à l’opposé des formes brèves juste entendues auparavant.

    Avec sa superbe sonorité peu assombrie, Sol Gabetta ne charge pas le Largo initial et privilégie la continuité de ces pages qui peuvent souffrir d’une lecture séquentielle. Mäkelä lui offre un écrin délicat d’une précision horlogère, peut-être au prix d’une réserve confinant à un certain académisme. Le marimba accompagnant Gabetta pour une pièce de Falla donnée en bis ramène un peu de l’esprit du début de concert.

    La musique de William Walton est beaucoup trop rare à Paris et l’on ne remerciera jamais assez Mäkelä d’avoir reprogrammé Le Festin de Balthazar qui avait dû être annulé pendant la pandémie. Cette grosse demi-heure de démesure chorale et orchestrale fait ce soir l’effet d’une volée de gifles. Depuis les premiers portiques de cuivres jusqu’à l’Alléluia colossal de la fin, le chef finlandais empoigne cette fresque avec une violence inouïe. Il ne s’attarde pas outre mesure sur les raffinements nombreux de l’orchestration, tels les éclats fugitifs des merveilleux trésors du tyran.

    Le Chœur de l’Orchestre de Paris et les forces venues de l’université de Cambridge se déchaînent avec une ferveur ne sacrifiant jamais les mots de cette édifiante histoire. Tour à tour narrateur et Balthazar lui-même, Willard White impose une voix de stentor dont la projection emplit chaque recoin de la salle.




    Philharmonie, Paris
    Le 31/05/2023
    Thomas DESCHAMPS

    Concert de l’Orchestre de Paris sous la direction de Klaus Mäkelä, avec le concours de la violoncelliste Sol Gabetta et du baryton Willard White à la Philharmonie de Paris.
    Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
    Suite pour orchestre de variété n° 1, op. 50 b (1956)
    Concerto pour violoncelle n° 2, op. 126 (1966)
    Sol Gabetta, violoncelle
    William Walton (1902-1983)
    Belshazzar’s Feast (1931)
    Willard White, baryton
    Cambridge University Chorus
    Chœur de l’Orchestre de Paris
    Orchestre de Paris
    direction : Klaus Mäkelä

     


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