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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Création française de Breaking the Waves de Missy Mazzoli à l’Opéra Comique dans une mise en scène de Tom Morris et sous la direction de Mathieu Romano.
Vagues sans fracas
À la salle Favart se tenaient trois représentations de l’opéra Breaking the Waves, inspiré du film éponyme de Lars Von Trier et créé en 2016 à Philadelphie. L’œuvre, reprise régulièrement depuis, retrouve à Paris la mise en scène de Tom Morris (Édimbourg 2019) et l’excellente Bess de Sydney Mancasola, dans un spectacle plutôt sage.
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Opéra Comique - Salle Favart, Paris
Le 30/05/2023
Chloë ROUGE
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Depuis quelques années, la compositrice Missy Mazzoli s’illustre particulièrement dans le genre opéra. Avec Breaking the Waves, elle défend une ligne vocale lyrique pleine d’aspérités mais toujours facile à suivre. En Écosse, Bess, une jeune femme vivant dans une communauté religieuse, épouse Jan, ouvrier d’une plateforme pétrolière. Puisqu’un accident le laisse paralysé, Jan souhaite que sa femme continue d’avoir des relations sexuelles. Pensant que Dieu améliorera l’état de santé de Jan, elle s’exécute, mais de mauvaises rencontres l’amènent à se faire tuer. Le livret de Royce Vavrek offre un discours clair et saisissant qui met en avant un aspect plus féministe que le film.
Sydney Mancasola incarne le personnage principal de façon magistrale, tant par la maîtrise vocale que théâtrale. Son partenaire de scène, le baryton Jarett Ott, complète ce superbe duo d’une voix large et chaude pour Jan, où il s’affranchit sans difficulté d’une écriture vocale brisée. À leur côté, la sœur Dodo de Wallis Giunta, la mère de Susan Bullock et le médecin d’Elgan Llyr Thomas défendent avec la même ferveur leurs rôles. Les sections pendant lesquelles Dieu s’adresse à Bess, par son intermédiaire, adoptent un chant quasi recto tono.
Incarnant les religieux rigoristes, évidemment uniquement masculins, et doublant les paroles de dieu prononcées par Bess, l’Ensemble Aedes apporte une belle dynamique qui profite à l’atmosphère mystique et nauséabonde. Musicalement, ces passages homorythmiques font respirer une texture musicale qui se renouvelle cependant peu. Si le premier acte convainc car la compositrice expose l’ambiance froide et désincarnée par divers procédés d’écriture, le reste de l’opéra se déploie sur les mêmes idées. Efficace, la formule consiste pendant plus de deux heures en accords déroulés de cordes ou trémolos, tenues de cuivres et cordes graves ou glissando, ou encore rapides traits des bois.
Dans la fosse, le chef Mathieu Romano, fondateur de l’Ensemble Aedes, défend la partition devant l’Orchestre de Chambre de Paris avec caractère et précision, tout en veillant au bon équilibre du plateau, très connecté à ses chanteurs. L’osmose avec la mise en scène se fait grâce au décor multiforme qui représente tour à tour les falaises écossaises, la plateforme pétrolière, la chambre d’hôpital et l’église. La scène tournante sur laquelle sont dressés des monolithes permet d’évoquer, grâce aux vidéos et lumières, des travelling et cut cinématographiques dans la fluidité des scènes qui se succèdent.
Dans cette approche, Breaking the Waves insiste particulièrement sur les questionnements féministes de Bess éludant l’avis de sa mère et de la communauté. L’opéra donne ainsi à réfléchir sur la sexualité de la femme, le sacrifice et la mort.
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Opéra Comique - Salle Favart, Paris Le 30/05/2023 Chloë ROUGE |
| Création française de Breaking the Waves de Missy Mazzoli à l’Opéra Comique dans une mise en scène de Tom Morris et sous la direction de Mathieu Romano. | Missy Mazzoli (*1980)
Breaking the Waves, opéra en deux actes (2016)
Ensemble Aedes
Orchestre de Chambre de Paris
direction : Mathieu Romano
mise en scène : Tom Morris,
décors et costumes : Soutra Gilmour
Ă©clairages : Richard Howell
vidéo et projection designer : Will Duke
son : Jon Nicholls
Avec :
Sydney Mancasola (Bess McNeill), Jarett Ott (Jan Nyman), Wallis Gunta (Dodo McNeill), Susan Bullock (Mère de Bess), Elgan Llŷr Thomas (Dr Richardson), Mathieu Dubroca (Terry), Andrew Nolen (L’homme du conseil), Pascal Gourgand (Marin sadique), Fabrice Foison (Jeune marin). | |
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