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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert de l'Orchestre philharmonique de Radio France, sous la direction de Jakub Hrůša, avec le concours de la soprano Kateřina Kněžíková et du ténor Nicky Spence, à la Maison de la Radio, Paris.
La lumière des astres
D'un programme commençant par une lecture appliquée de Lux aeterna de Ligeti, on retient l'éclat solaire des deux œuvres suivantes. Avec l’Orchestre philharmonique de Radio France, L'Évangile éternel de Janáček et le Concerto pour orchestre de Lutosławski sont pris à bras le corps par Jakub Hrůša pour un résultat exaltant.
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La micro-polyphonie magnifiée par Ligeti dans Lux aeterna demande un ensemble vocal d'une complète fluidité. Les seize belles voix du Chœur de Radio France dirigées ce soir par Roland Hayrabedian s'élèvent un peu trop timidement pour atteindre cet idéal. On reste suspendu à ce qui reste un exercice périlleux pour un ensemble qui n'a pas une pratique équivalente à d'autres ensembles comme le chœur de la SWR en Allemagne. Une fois passé cet hommage respectueux pour le centenaire de la naissance de Ligeti, c'est le chef tchèque Jakub Hrůša qui dirige la soirée.
Le rare Évangile éternel de Janáček prend sous sa direction tout son ampleur dramatique. S'il est possible d'imaginer une direction plus lyrique, le chef donne à cette légende toute sa portée poétique et spirituelle. L'orchestre brûle de couleurs sèches comme un chemin pierreux sous un soleil ardent tandis que le chœur a la véhémence des vieux chrétiens.
Dans cette histoire contant la rencontre de Joachim de Flore avec un ange révélateur d'un évangile pour tous, le violon d'Hélène Collerette trouve le ton idiomatique parfait, point trop sophistiqué mais pourtant si évocateur. Si la soprano Kateřina Kněžíková chante un Ange charmant, le Joachim de Flore de Nicky Spence irradie de présence et d'éloquence. Le ténor écossais s'est fait une spécialité des œuvres de Janáček qui conviennent comme un gant à sa tessiture. Le résultat est qu'on le croit sans peine lorsqu'il prophétise la venue d'un « temps d'or ».
L'Orchestre philharmonique de Radio France connaît bien la dernière pièce du programme, le Concerto pour orchestre de Lutosławski qu'il a brillamment interprété il y a peu sous la direction de Krzysztof Urbański. Avec sa manière fort virile, Hrůša éloigne l'œuvre de tout exercice académique pour atteindre une intensité dramatique qui rappelle les parties les plus rageuses et âpres du Mandarin merveilleux de Bartók. Servie par des musiciens transportés la pièce culmine dans son mouvement intermédiaire, un Capriccio nottuno e arioso qui allie la plus grande virtuosité à un ancrage très Mitteleuropa. Le terroir tutoie ici les étoiles.
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Auditorium de la Maison de la Radio, Paris Le 01/06/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Concert de l'Orchestre philharmonique de Radio France, sous la direction de Jakub Hrůša, avec le concours de la soprano Kateřina Kněžíková et du ténor Nicky Spence, à la Maison de la Radio, Paris. | György Ligeti (1923-2006)
Lux aeterna (1966)
Chœur de Radio France
direction : Roland Hayrabedian
Leoš Janáček (1854-1928)
L'Évangile éternel (1914)
Kateřina Kněžíková, soprano
Nicky Spence, ténor
Chœur de Radio France
Witold Lutosławski (1913-1994)
Concerto pour orchestre (1954)
Orchestre philharmonique de Radio France
direction : Jakub Hrůša | |
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