|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
|
Reprise de Roméo et Juliette de Gounod dans la production d’Éric Ruf sous la direction de Pierre Dumoussaud à l’Opéra de Rouen Normandie.
Frère Roméo
Devant son frère Pene présent en salle à la troisième représentation, Amitaï Pati est maintenant Roméo dans la production d’Éric Ruf, ici face à la Juliette d’une belle puissance d’aigu d’Olga Kulchynska. Bien entouré par le chœur et le reste de la distribution, le couple est aussi porté par la direction énergique de Pierre Dumoussaud.
|
|
Complicité artistique
Sombre Volga
Hommage au réalisme poétique
[ Tous les concerts ]
|
Pene Pati ouvrait la saison de l’Opéra de Rouen Normandie en Duc de Mantoue (Rigoletto), Amitaï la referme en Roméo, ce troisième soir justement devant son frère, créateur de la production d’Éric Ruf dans laquelle il avait remplacé au pied levé Jean-François Borras en 2021 à l’Opéra Comique.
Si l’aigu n’est pas aussi solaire, le chant d’Amitaï Pati possède beaucoup de qualités dans l’expressivité et la prononciation du français. En face, on retrouve une artiste remarquée cette saison en Micaëla (Carmen) à Favart et Ginevra (Ariodante) à Garnier. Avec Juliette, elle lance souvent ses aigus, parce qu’elle doit comme le reste du plateau passer le volume important de la fosse. Elle touche aussi beaucoup dans la scène d’amour au début du IV et dans sa mort.
Autour, le Mercutio du baryton Philippe-Nicolas Martin s’accorde bien au Tybalt du ténor Julien Henric, prêts à en découdre dans un combat au poignard, juste après l’intervention du jeune Stefano, ici non pas proposé à une soprano travestie comme à l’habitude, mais au contre-ténor Bruno de Sá qui livre un enfant folâtre à souhait. Jean-François Setti est un Comte Capulet très sonore, tandis que Jérôme Varnier campe un Frère Laurent attentif et soucieux du bonheur des deux amants. Le chœur Accentus est toujours parfaitement en place, en plus d’être très compréhensible sur le texte de Carré et Barbier.
Devant l’Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie – déjà en fosse en 2021 à Paris, mais avec Laurent Campellone –, Pierre Dumoussaud retrouve la vivacité de sa récente Iphigénie montpelliéraine, sans que cela s’accorde autant à une ouverture trop hachée et trop forte. Plus affinée, la direction se développe dans les moments de tendresse, pour toujours s’exalter et porter avec elle le plateau dans les scènes tendues.
Apparue en 2021 mais tirée de sa production théâtrale de 2015, la mise en scène d’Éric Ruf retrouve ses grands panneaux muraux verticaux amovibles pour dessiner les lieux de l’action, et convainc toujours dans une scène du balcon où Juliette tient à un fil, ainsi que dans un tombeau plongé en pleines catacombes siciliennes, où les squelettes autour de la jeune fille profitent comme les êtres vivants du plateau des costumes soignés de Christian Lacroix.
Souvent remonté ces dernières années, Roméo et Juliette de Gounod place la barre haut une semaine avant le retour de l’œuvre à l’Opéra de Paris après trente-huit ans d’absence.
| | |
|
Opéra, Rouen Le 13/06/2023 Vincent GUILLEMIN |
| Reprise de Roméo et Juliette de Gounod dans la production d’Éric Ruf sous la direction de Pierre Dumoussaud à l’Opéra de Rouen Normandie. | Charles Gounod (1818-1893)
Roméo et Juliette, opéra en cinq actes (1867)
Livret de Jules Barbier et Michel Carré d’après le drame de Shakespeare
Accentus / Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie
direction : Pierre Dumoussaud
mise en scène : Éric Ruf
costumes : Christian Lacroix
Ă©clairages : Bertrand Couderc
chorégraphie : Glysleïn Lefever
préparation des chœurs : Christophe Grapperon
Avec :
Amitai Pati (Roméo), Olga Kulchynska (Juliette), Jean-Fernand Setti (Le Comte Capulet), Philippe-Nicolas Martin (Mercutio), Bruno de Sá (Stéphano), Jérôme Varnier (Frère Laurent), Sarah Laulan (Gertrude), Julien Henric (Tybalt), Halidou Nombre (Le Duc de Vérone). | |
| |
| | |
|