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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Version de concert du Château de Barbe-Bleue de Bartók par l’Orchestre symphonique du Grand Théâtre du Liceu de Barcelone sous la direction de Josep Pons à l’Opéra de Paris.
Rendez-vous manqué
D’un choix court et maladroit de répertoire pour leur visite parisienne à Bastille, l’Orchestre du Grand Théâtre du Liceu de Barcelone et son directeur musical Josep Pons ne sont parvenus à tirer aucun avantage malgré la présence théâtrale très animée du baryton gallois Bryn Terfel en Barbe-Bleue dans l’opéra de Bartók.
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Le Grand Théâtre du Liceu de Barcelone compte sans doute parmi les meilleures maisons d’opéra au monde. Même si son répertoire couvre avec succès l’ensemble de l’histoire du genre, ce sont les œuvres de bel canto qui ont fait les riches heures de la maison. Du coup, le choix du Château de Barbe-Bleue paraît bien peu représentatif, voire singulier pour une visite parisienne d’une seule soirée, d’autant que ce titre a été souvent joué ces dernières années dans la capitale que ce soit en version scénique ou de concert.
Il devient carrément incompréhensible lorsqu’on s’aperçoit que l’œuvre est au répertoire de Barcelone et de celui qui n’était pas encore son directeur musical dans la mise en scène de La Fura dels Baus coproduite alors en 2007 avec l’Opéra de Paris ! Ce soir, c’est en version de concert que le chef-d’œuvre de Bartók est présenté. L’absence du prologue parlé s’en fait d’autant plus ressentir.
L’invite au public d’analyser l’histoire présentée fait donc défaut et, au-delà de ce manque désolant, c’est dans un bruit de fond général que commence l’œuvre. Josep Pons obtient de son orchestre un son clair qui étonne pour dépeindre l’obscurité du domaine de Kékszakállú. Le duc de Bryn Terfel rugit d’emblée tandis que la Judith d’Iréne Theorin semble fortement intimidée et peu épanouie. Les portes s’ouvrent sans être très fortement caractérisées.
Sans jamais lever le nez de la partition, Pons semble soucieux d’une mise en place, réussie avec un orchestre très discipliné mais le choix de programmation induit une comparaison inévitable avec l’Orchestre de l’Opéra de Paris. Même sous la baguette prudente de Gustav Kuhn, la formation parisienne avait alors d’autres sortilèges dans la salle du trésor que n’en montre son homologue catalan. La Quatrième porte, celle du Jardin secret, offre de meilleures perspectives avec de vives efflorescences bienvenues. Hélas, la Cinquième porte n’est en rien le climax attendu.
Pons ne déploie pas davantage l’orchestre, le maintenant dans un monolithique fortissimo. Les trompettes restent perdues dans la balance orchestrale. Theorin sort de sa réserve pour un contre-ut glorieux, trop bref hélas. Du moins conserve-t-elle un ton plus animé pour la suite. Face à elle, Bryn Terfel se montre d’une véhémence spectaculaire qui masque fort bien l’usure du temps mais passe un peu à côté des inflexions du théâtre de l’âme imaginé par Bartók. Pour la dernière porte, Pons déchaîne enfin ses forces musicales mais il est trop tard, comme pour les deux amants.
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Opéra Bastille, Paris Le 10/06/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Version de concert du Château de Barbe-Bleue de Bartók par l’Orchestre symphonique du Grand Théâtre du Liceu de Barcelone sous la direction de Josep Pons à l’Opéra de Paris. | Béla Bartók (1881-1945)
Le Château de Barbe-Bleue, drame lyrique en un acte (1911)
Livret de Béla Balázs
Iréne Theorin (Judith)
Bryn Terfel (Barbe-Bleue)
Orchestre symphonique du grand théâtre du Liceu de Barcelone
direction : Josep Pons | |
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