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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concert Schœnberg et Beethoven par l'Orchestre Philharmonique de Radio France et son chef invité Hans Vonk .
Vendredi noir salle Pleyel
Hans Vonk
En programmant Erwartung d'Arnold Schœnberg entre Coriolan et la septième symphonie de Ludwig van Beethoven, l'Orchestre Philharmonique de Radio France et son chef Hans Vonk ne cherchaient visiblement pas à jouer les amuseurs : à Pleyel ce vendredi-là , on flirtait gentiment avec la Faucheuse.
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Beethoven, contrairement au Schoenberg d'Erwartung laisse quelques espoirs de rédemption. Certes, l'obsessionnel deuxième mouvement de sa septième symphonie hésite entre marche au tombeau et promenade santé pour maniaco-dépressif. Mais le quatrième mouvement, sorte de danse extatique, brise cette atmosphère endeuillée et produit un sentiment de libération salvatrice. Erwatung, bien au contraire, est un tissu d'obsessions morbide : une femme part à la recherche de son amant, la nuit, à travers la forêt, finit par trouver son cadavre et passe par tous les sentiments possible, de la peur au désir, de la folie à la colère.
L'orchestre se fait terriblement suggestif : l'idée de la folie est soulignée par un matériau qui reprend, en le déformant à l'extrême, certains traits pertinents de l'écriture post romantique, et les ombres de la nuit, effrayantes et fugaces, deviennent presque palpables. Tout est conçu pour faciliter l'identification, expérience douloureuse et fascinante la fois.
Inutile de souligner la difficulté d'une telle partition. Pour la chanteuse tout d'abord qui doit "traverser" une masse orchestrale considérable, alors que l'oeuvre exige une présence vocale quasi ininterrompue ; à cela s'ajoute le problème de l'interprétation, problème théâtral s'il en est. De ce point de vue, Melanie Diener a parfaitement tenu son rôle. Dès les premières mesures, elle suggère la peur avec une économie de moyen remarquable, construit un personnage à la fois fragile et abandonné qui, très vite, communique son désespoir. Mais hélas la voix manque d'ampleur et reste trop souvent noyée par l'orchestre.
De son côté, Hans Vonk ne lui facilite pas la tâche. Visiblement, sa passion du grand son lui fait oublier les vertus de l'équilibre : l'orchestre confond puissance et tension, la dramaturgie sonore, trop simpliste, ne parvient pas à suggérer le drame. Son Beethoven, d'ailleurs, connaît les mêmes problèmes : certes dynamique, parfois même jubilatoire (4e mouvement de la septième symphonie), il manque pourtant de mystère et de construction dramatique, comme si seule la quête du son lui avait servi de guide. Dans les mystérieuses contrées d'outre-tombe, il en faut plus pour tracer son chemin.
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Salle Pleyel, Paris Le 17/11/2000 Mathias HEIZMANN |
| Concert Schœnberg et Beethoven par l'Orchestre Philharmonique de Radio France et son chef invité Hans Vonk . | Ludwig Van Beethoven : Coriolan, Ouverture en ut mineur opus 62; Symphonie n°7 en la majeur, opus 92.
Arnold Schoenberg : Erwartung, monodrame opus 17
Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Hans Vonk
Mélanie Diener, soprano | |
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