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CRITIQUES DE CONCERTS |
31 octobre 2024 |
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Nouvelle production de La Bohème de Puccini dans une mise en scène d’Éric Ruf et sous la direction de Lorenzo Passerini au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Bohème ensoleillée
Présentée dans une nouvelle mise en scène flatteuse d’Éric Ruf, La Bohème de Puccini retrouve une salle pleine tous les soirs au Théâtre des Champs-Élysées et bénéficie lors de la troisième représentation d’une distribution totalement libérée, à commencer par le ténor samoan Pene Pati, dont le timbre solaire et l’aigu étincelant illuminent la partition.
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Dans cette période compliquée pour la culture en général et pour la musique classique en particulier, La Bohème reste une valeur sûre, surtout quand elle est montée sans tentative de modernisation. L’Opéra de Paris peinait en cours de saison à remplir sa version dans l’espace, trop éloignée du livret pour convaincre, mais en ce début d’été, le Théâtre des Champs-Élysées n’a aucun problème pour afficher complet avec la nouvelle production d’Éric Ruf.
Dans sa note d’intention, le metteur en scène tente rapidement un prisme personnel en faisant peindre aux artistes le rideau du TCE, seul décor des tableaux I & IV. Mais une fois cette mise en abyme avancée, c’est une Bohème très classique que l’on retrouve, avec la neige et le Paris des tableaux II et III, dont les façades bien dessinées par les lumières de Bertrand Couderc s’accordent aux costumes finement tracés de Christian Lacroix.
Mieux encore, une attention particulière est donnée aux mouvements et au théâtre, et rarement a-t-on regardé avec autant d’intérêt les amis danser au début du dernier acte, grâce à une chorégraphie de Glysleïn Lefever tellement crédible qu’elle est applaudie vivement après la Gavotte. Quant à l’émotion, elle est également à son comble, tout particulièrement dans la dernière scène, grâce au Vecchia zimarra sensible de Colline d’abord, puis aux Mimì ! bouleversants de Rodolfo.
Portée par la fosse aux sonorités luxueuses de l’Orchestre National de France et aux idées parfois risquées mais souvent très justes du jeune chef Lorenzo Passerini, la distribution dont plusieurs chanteurs sont en prise de rôle semble totalement libre pour cette troisième représentation. Alors, on savoure le Marcello chaud et onctueux d’Alexandre Duhamel dès l’introduction, puis le timbre solaire au troisième registre si joueur du Rodolfo de Pene Pati.
Guilhem Worms s’accorde à ses comparses avec une voix plus grave mais tout aussi clairement projetée, tandis que Musetta trouve avec Amina Edris une peste à la voix plus charnue que celles souvent entendues dans le rôle, qui n’empêche jamais aux aigus filés d’être superbement distillés. Francesco Salvadori complète la bande avec un Schaunard très vivant en scène, qui donne du fil à retordre au propriétaire, Benoît amusant en voix de fausset grâce au baryton Marc Labonnette.
Pour Mimì, Selene Zanetti possède la tessiture et les couleurs idéales, mais elle touche moins que son amant. Rodolphe Briand campe pour sa part un joyeux Parpignol, parfaitement entouré par les enfants de la Maîtrise des Hauts-de-Seine, quand le Chœur Unikanti forme une foule chaleureuse et toujours en verve dans les tableaux centraux, parfait pour emporter avec lui tout le public de Paris !
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 19/06/2023 Vincent GUILLEMIN |
| Nouvelle production de La Bohème de Puccini dans une mise en scène d’Éric Ruf et sous la direction de Lorenzo Passerini au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Giacomo Puccini (1858-1924)
La Bohème, opéra en quatre tableaux (1896)
Livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica d’après le roman Scènes de la vie de bohème d’Henri Murger.
Maîtrise des Hauts-de-Seine
Chœur Unikanti
Orchestre National de France
direction : Lorenzo Passerini
mise en scène & décors : Éric Ruf
chorégraphie : Glysleïn Lefever
costumes : Christian Lacroix
Ă©clairages : Bertrand Couderc
préparation des chœurs : Gaël Darchen
Avec :
Selene Zanetti (Mimì), Pene Pati (Rodolfo), Alexandre Duhamel (Marcello), Francesco Salvadori (Schaunard), Guilhem Worms (Colline), Amina Edris (Musetta), Marc Labonnette (Alcindoro / Benoît), Rodolphe Briand (Parpignol), Théo Kneppert (Un Douanier), Arthur Cady (Un sergent), Simon Bieche (Le vendeur ambulant). | |
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