|
|
CRITIQUES DE CONCERTS |
23 novembre 2024 |
|
Nouvelle production de Zémire et Azor de Grétry dans une mise en scène de Michel Fau et sous la direction de Louis Langrée à l’Opéra Comique, Paris.
La Rose et la BĂŞte
Dans une nouvelle production de Michel Fau, la comédie-ballet Zémire et Azor de Grétry retrouve l’Opéra Comique avec une belle distribution, de laquelle se démarque la magnifique Zémire de la soprano Julie Roset, portée par la direction exaltée du directeur des lieux Louis Langrée devant l’ensemble Les Ambassadeurs – La Grande Écurie.
|
|
Lights, camera, action !
Vigueur et courants d’air
En passant par la mort
[ Tous les concerts ]
|
À quelques semaines de La Caravane du Caire reprise à l’Opéra de Versailles, une autre comédie-ballet de Grétry est donnée à la salle Favart, treize ans après sa dernière apparition in situ. Basée sur La Belle et la Bête mais plongée dans les effluves orientaux par le livret de Marmontel, l’œuvre annonce l’opéra-comique avec une alternance de textes parlés (encore versifiés et pour l’occasion à peine coupés), de ballets et de musique.
Colorée, la mise en scène de Michel Fau manque un peu de dynamique dans les mouvements et par son décor fait de grands murs inamovibles préparés par Citronelle Dufay et Hubert Barrère, mais met en valeur la qualité des costumes de ce dernier, à commencer par la superbe robe de Zémire. Comme toujours avec Fau, chaque didascalie est suivie à la lettre et les penchants comiques sont renforcés, notamment lors de ses propres apparitions en Fée transformiste.
En plus d’être portés par cet être plus drolatique que maléfique, les ballets profitent des deux danseurs Alexandre Lacoste et Antoine Lafon, hommes-chiens plutôt que Génies, toujours fluides et habiles en acrobaties. Voleur de rose, Sander bénéficie du large ambitus et du chant bien projeté de Marc Mauillon. Obligé de donner une fille à Azor contre la fleur arrachée, il échange la rose contre Julie Roset, sublime Zémire dès son apparition à l’Acte II, d’une grâce toute particulière dans l’air de La Fauvette, chanté avec une grande finesse.
En face, Philippe Talbot dans son costume sorti de La Métamorphose de Kafka surjoue ses parties parlées, mais convainc toujours dans le chant, comme pour l’air de l’Acte III livré avec une vraie sensibilité. Les deux sœurs Lisbé (Margot Genet) et Cotrez (Séraphine Cotrez) auraient mérité d’être entendues plus longtemps tant elles rendent honneurs à leurs rôles, mais les auteurs ont préféré donner de la clarté à l’esclave, ici toujours vif et pétillant grâce à Sahy Ratia.
À la manière des multiples changements de coloris sur scène grâce aux lumières de Joël Fabing, la partition d’orchestre trouve avec Louis Langrée et l’ensemble Les Ambassadeurs – La Grande Écurie une justesse de chaque instant. Sans qu’il ne semble jamais dérangé par les multiples coupures parlées, le directeur des lieux développe la partition avec fougue et détaille dès l’ouverture et son orage, pour subtilement sentimentaliser les passages plus romantiques et remettre à l’honneur un compositeur trop occulté depuis le siècle dernier.
| | |
|
Opéra Comique - Salle Favart, Paris Le 26/06/2023 Vincent GUILLEMIN |
| Nouvelle production de Zémire et Azor de Grétry dans une mise en scène de Michel Fau et sous la direction de Louis Langrée à l’Opéra Comique, Paris. | André-Ernest-Modeste Grétry (1741-1813)
Zémire et Azor, comédie-ballet en quatre actes sur un livret de Jean-François Marmontel
Les Ambassadeurs – La Grande Écurie
direction : Louis Langrée
mise en scène : Michel Fau
décors : Hubert Barrère & Citronelle Dufay
costumes : Hubert Barrère
éclairages : Joël Fabing
Avec :
Julie Roset (Zémire), Philippe Talbot (Azor), Marc Mauillon (Sander), Sahy Ratia (Ali), Margot Genet (Lisbé), Séraphine Cotrez (Fatmé), Michel Fau (La Fée), Alexandre Lacoste, Antoine Lafon (Les Génies ; danseurs). | |
| |
| | |
|