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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Récital d’Arcadi Volodos dans le cadre de la série Piano**** à la Philharmonie de Paris.
Hommage mystique
C’est un très personnel hommage (après un ahurissant incident avec le téléphone d’une auditrice) que rend Arcadi Volodos à sa consœur Alicia de Larrocha pour le centenaire de sa naissance, en proposant des pièces plus ou moins proches du répertoire de celle-ci. Mais son jeu, en mêlant flamme et poésie, n’est pas sans évoquer celui de la pianiste espagnole.
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La musique méditative de Federico Mompou sied-t-elle à un début de concert ? Elle demande autant d’attention, de concentration à son interprète qu’à ses auditeurs. Une spectatrice au premier rang, juste devant le pianiste, ne l’entend pas ainsi. Un double bip émanant de son téléphone retentit juste avant qu’Arcadi Volodos ne pose les mains sur le clavier.
Durant la première pièce un nouveau signal retentit. Avant d’enchaîner la deuxième, le pianiste se tourne vers la spectatrice et lui demande très posément si elle ne voit pas d’inconvénient à ce qu’il poursuive. Las, une troisième notification sonore se mêle aux notes de Mompou. Volodos s’interrompt, la femme ne bouge pas, se contente de regarder son écran. Il faut que plusieurs personnes intiment avec succès l’ordre de quitter la salle à la perturbatrice pour que le programme reprenne.
L’incident a aussi fait taire les racleurs de gorge compulsifs et le silence rejoint enfin l’ascèse du compositeur catalan. Volodos l’interprète avec une très grande sensibilité mais le magicien du clavier ne peut s’empêcher d’y mettre couleurs et sonorités de velours. Si le compositeur a souhaité laisser ses interprètes libres d’indications, notamment en ce qui concerne la pédale, il a laissé des témoignages à mille lieux de ce qu’on entend ce soir où l’acoustique généreuse de la salle Pierre Boulez rajoute à la merveilleuse rondeur de son du pianiste russe.
Sa liberté poétique avec le texte n’est pas moindre avec la Ballade n° 2 de Liszt qui suit. Comment produit-il les grondements surnaturels qui ouvrent la pièce ? Il ne cesse ensuite de façonner des contrastes dynamiques mais aussi d’éclairer ou au contraire d’assombrir l’écriture cyclique lisztienne dans une virtuosité crâne qui accroche l’auditeur pour ne plus le lâcher. Cet art inimitable n’est pas que flamboyance. Il s’allie à une part indissociable d’introspection, comme le montre encore davantage le groupe de pièces de Scriabine jouées après l’entracte.
À l’exception du Vers la flamme conclusif, Volodos n’a pas choisi les pages les plus spectaculaires du compositeur mais il propose un voyage harmonique d’une richesse envoûtante. Il ne fait pas de doute que le pianiste entre littéralement en résonnance avec la religiosité traversant l’œuvre du compositeur russe. Cette transe mystique trouve son prolongement dans une série de bis, avec une Mazurka de Scriabine, Secretos et El Lago de Mompou. Son adaptation délirante de la Malaguena de Lecuona enflamme quant à elle la salle.
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Philharmonie, Paris Le 22/06/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Récital d’Arcadi Volodos dans le cadre de la série Piano**** à la Philharmonie de Paris. |
Federico Mompou (1893-1987)
Scènes d’enfants (1915-1918)
MĂşsica callada (extraits) (1959-1967)
Franz Liszt (1811-1886)
Ballade n° 2 en si mineur (1853)
Alexandre Scriabine (1871-1915)
Étude op. 8 n° 2
Étude op. 8 n° 11
Prélude op. 11 n° 14
Prélude op. 16 n° 1
Prélude op. 16 n° 4
Prélude op. 22 n° 3
Prélude op. 37 n° 1
2 Poèmes op. 63 (Masque et Étrangeté)
Poème op. 71 n° 2
Flammes sombres op. 73 n° 2
Sonate n° 10
Vers la flamme
Arcadi Volodos, piano | |
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