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CRITIQUES DE CONCERTS |
22 décembre 2024 |
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Second concert de l’Orchestre du Metropolitan Opera de New York sous la direction de Yannick Nézet-Séguin, avec le concours de la mezzo-soprano Joyce DiDonato à la Philharmonie de Paris.
Servir ou périr
Le second concert de l’Orchestre du Met propose un programme autour du seul Hector Berlioz qui conduit à confirmer les impressions de la veille : un orchestre merveilleux dont les éminentes qualités musicales souffrent d’un interventionnisme exacerbé de la part de son chef titulaire. Joyce DiDonato apporte une touche lyrique irradiante à la soirée.
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L’ouverture du Corsaire n’appartient pas aux pages les plus délicates de Berlioz. Une aubaine pour Yannick Nézet-Séguin qui poursuit la suractivité constatée lors du concert de la veille. Avec une efficacité certaine, il accentue les contrastes dynamiques. Les trombones assourdissants se taillent un joli succès. Joyce DiDonato rejoint le plateau pour des extraits des Troyens. Le récitatif qui précède Chers Tyriens sonne comme un tour de chauffe, mais une fois l’air commencé la voix s’élève impérieuse. En grande tragédienne, la mezzo-soprano dégage une ligne de grande noblesse parfois en adaptant légèrement la prosodie.
La fameuse pantomime Chasse royale et orage qui suit souffre de précipitation. Yannick Nézet-Séguin bouscule le tempo, dommage pour le superbe et très poétique pupitre de cors du Metropolitan. L’orage devient un ouragan, décidément le réchauffement climatique n’en finit plus de provoquer des perturbations. Pourtant, Joyce DiDonato essaie de trouver la paix dans Adieu, fière cité, même si le chef donne ici et là des coups de bélier dans la ligne. Ce n’est rien par rapport à son approche de la Symphonie fantastique jouée après l’entracte.
Menée tambour battant, la symphonie semble un terrain de jeu pour le chef qui s’emploie à exagérer absolument toutes les indications du compositeur. Quelques jours tard à Baden-Baden, devant les caméras d’ARTE, Nézet-Séguin a du reste revendiqué demander « toujours plus » à ses musiciens. Apparemment, cela comble une partie du public. Si l’on ne prend que le premier mouvement Rêveries-Passions, ces incessants accelerandos et cette déformation dynamique rompent pourtant la ligne et l’équilibre qui appartiennent aussi à cette musique. Le plus étonnant est l’impression que l’assise rythmique s’évanouit comme une ostéoporose musicale.
Tout se passe comme si le chef ne faisait pas confiance en la musique et que, dans cette œuvre, seul le Songe d’une nuit de sabbat ne nécessite pas outre mesure son intervention forcée. Après tout ce tintamarre, Joyce DiDonato revient pour chanter l’ineffable Morgen de Richard Strauss. Le premier violon de l’orchestre, Benjamin Bowman, lui apporte un accompagnement lumineux d’un goût parfait, ne rajoutant rien, servant simplement la musique.
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Philharmonie, Paris Le 28/06/2023 Thomas DESCHAMPS |
| Second concert de l’Orchestre du Metropolitan Opera de New York sous la direction de Yannick Nézet-Séguin, avec le concours de la mezzo-soprano Joyce DiDonato à la Philharmonie de Paris. | Hector Berlioz (1803-1869)
Le Corsaire, ouverture (1844-1851)
Les Troyens, extraits (1856-1858)
Joyce DiDonato, mezzo-soprano
Symphonie fantastique, op. 14 (1830)
The Met Orchestra
direction : Yannick NĂ©zet-SĂ©guin | |
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