Jusqu’au bout, Martha Argerich aura limité son répertoire et, maintenant octogénaire, il est très peu probable qu’elle cherche encore à l’ouvrir en reprenant par exemple L’Empereur, joué à notre connaissance seulement deux fois dans sa vie. C’est donc en toute logique que nous retrouvons la géniale pianiste cet été à Évian avec l’un de ses concertos favoris, le n°1 opus 15 de Beethoven.

Enregistré à au moins six reprises par l’artiste, dont trois live de ce siècle à Lugano, Buenos Aires et Mito, l’ouvrage retrouve encore ce doigté si particulier, tout en finesse et toujours plein d’agilité, mélange d’habitude et de désinvolture, dans le bon sens du terme car empli de maturité. Tout aussi fluide, le Gustav Mahler Jugendorchester s’accorde par un son plein mais jamais lourd à accompagner une pianiste qui mène plus la danse que le chef, pour l’occasion accompagnateur aguerri au service de la soliste.

La lionne argentine enchaîne ensuite deux bis, eux aussi grands classiques de son répertoire : Gens et Pays étrangers (première des treize Scènes d’enfants de Schumann) et la Gavotte d’une Suite anglaise n° 3 de Bach qu’elle n’a pourtant jamais enregistrée intégralement. L’orchestre revient après l’entracte en formation un peu plus dense pour la Symphonie n° 7 du même Beethoven.

Dynamique, l’œuvre jouit dès le Poco sostenuto initial du geste énergique de Harding, très bien suivi par les instrumentistes, même si le basson solo interchangé avec celui du concerto convainc moins, et que la flûtiste excellente en première partie présente à présent un son moins souple. Trop peu amplifié par une lecture sans pathos ni angle clair, l’Allegretto marque le pas pour vite se faire oublier à l’arrivée du Presto faisant office de Scherzo. D’une célérité et d’une vivacité très bien développées, il précède un Allegro con brio conclusif tout aussi fervent et, comme les autres mouvements rapides, particulièrement emporté par les cordes, ainsi que par l’acoustique splendide de la Grange au Lac.