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CRITIQUES DE CONCERTS 31 octobre 2024

Nouvelle production de l'Opéra de quat'sous de Weill dans une mise en scène de Thomas Ostermeier et sous la direction de Maxime Pascal au festival d’Aix-en-Provence 2023.

Aix 2023 (1) :
Un cabaret bien ordonné

© Jean-Louis Fernandez

Invités à l'occasion de cette soixante-quinzième édition du festival d'Aix-en-Provence, la troupe de la Comédie-Française joue et chante Kurt Weill et Bertolt Brecht dans un Opéra de quat'sous paresseusement mis en scène par Thomas Ostermeier et seulement vivifié par la direction de Maxime Pascal avec son ensemble Le Balcon.
 

Théâtre de l’Archevêché, Aix-en-Provence
Le 04/07/2023
David VERDIER
 



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  • On peut s'interroger sur la prĂ©sence de L'OpĂ©ra de quat'sous en ouverture du 75e Festival d'Aix. Cette « pièce avec musique Â» de Brecht et Weill compte une trentaine de minutes de musique contre près de deux heures de dialogues d'un didactisme assez vieillot. Un Ă©cueil de taille sur lequel s'Ă©choue une mise en scène laborieuse de Thomas Ostermeier, limitant Ă  la portion congrue la direction d'acteur et multipliant les situations Ă  l'humour Ă©pais censĂ©es occuper l'espace et l'attention.

    Certes, Pierre Audi vise à convier le théâtre au festival afin d'élargir le public et de donner à Aix une envergure plurielle qui honore cette manifestation. De fait, on n'aura jamais autant croisé de spectateurs plus habitués à la cour du Palais des Papes qu'au Théâtre de l'Archevêché. Pour l'occasion, le texte bénéficie d'une nouvelle traduction d’Alexandre Pateau, qui a repris la version de 1928 en modernisant le vocabulaire et les tournures.

    La mise en scène surligne le côté juvénile, alignant sur le proscénium quatre micros qui servent d'accessoires de la culture du stand-up à des comédiens qui viennent régulièrement y déclamer leur texte ou improviser des adresses au public dont la plupart tombent à plat. Le reste de la scène est volontairement vidé de tout élément de décor, à l'exception de structures métalliques qui permettent aux acteurs d'évoluer en hauteur et sur les côtés.

    Sur des écrans LED placés au-dessus de la scène défilent au même moment des collages de Dziga Vertov animés dans un style Ciné-Œil et constructivistes russes auxquels se mêlent des images de révoltes sociales plus récentes, de Mai 68 aux Gilets jaunes. On peut penser que la configuration plus modeste du Théâtre du Jeu de Paume aurait permis de mieux concentrer les enjeux dramaturgiques, comme ce sera sans doute le cas à la rentrée avec la reprise du spectacle salle Richelieu à Paris.

    Côté interprètes, le pari (toujours risqué) de faire chanter les acteurs donne des résultats contrastés, d'autant que le spectacle est trop long et oblige à subir l'histrionisme d'un Christian Hecq (en Jonathan Jeremiah Peachum) ou le stress d'un Birane Ba (dont le Mackie Messer est rebaptisé Mack la Lame). Tandis que le premier multiplie grimaces et pitreries, le second bute sur des fins de phrases avalées et un chant contrarié.

    Les filles s'en sortent mieux, avec une Véronique Vella impayable en Celia Peachum ou Marie Oppert en Polly gouailleuse et admirable chanteuse, sans oublier Elsa Lepoivre dans le rôle désabusé et touchant de Jenny la prostituée. Signalons enfin, en Brown, l'excellent Benjamin Lavernhe donnant au policier mélancolique un profil attachant.

    Maxime Pascal et son ensemble Le Balcon secouent la fosse dès qu'ils en ont l'occasion, dans un arrangement de Weill auquel se mêlent des accords de guitare électrique. La lecture porte le texte avec vigueur et humour, emportant le spectateur dans une alternance d'œillades et de rythmes chaloupés avec, au moment des rappels, un bis sous la forme un hymne antifasciste composé par Weill et resté inédit.




    Théâtre de l’Archevêché, Aix-en-Provence
    Le 04/07/2023
    David VERDIER

    Nouvelle production de l'Opéra de quat'sous de Weill dans une mise en scène de Thomas Ostermeier et sous la direction de Maxime Pascal au festival d’Aix-en-Provence 2023.
    Kurt Weill (1900-1950)
    L'Opéra de quat'sous, pièce avec musique en un prélude et huit tableaux
    Livret de Bertolt Brecht d'après The Beggar's Opera de John Gay
    Nouvelle traduction française d'Alexandre Pateau

    Chœur Passerelles
    Orchestre Le Balcon
    direction : Maxime Pascal
    adaptation et mise en scène : Thomas Ostermeier
    scénographie : Magda Willi
    costumes : Florence von Gerkan
    éclairages : Urs Schönebaum
    chorégraphie : Johanna Lemke
    vidéo : Sébastien Dupouey
    son : Florent Derex
    préparation des chœurs : Philippe Franceschi

    Avec la troupe de la Comédie-Française :
    VĂ©ronique Vella (Celia Peachum), Elsa Lepoivre (Jenny), Christian Hecq (Jonathan Jeremiah Peachum), Nicolas Lormeau (Robert, homme de Macheath et Smith), Benjamin Lavernhe (Brown), Birane Ba (Macheath), ClaĂŻna Clavaron (Lucy), Marie Oppert (Polly Peachum), Sefa Yeboah (Filch et Saul, homme de Macheath), Jordan Rezgui (Matthias, homme de Macheath).

     


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