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CRITIQUES DE CONCERTS |
21 décembre 2024 |
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Concerts des Percussions de Strasbourg dans le cadre du Festival Messiaen au Pays de la Meije 2023.
Messiaen 2023 (4) :
Percussions d’étoiles
Présentes deux soirs au Festival Messiaen, Les Percussions de Strasbourg reprennent en intérieur le second soir Burning Bright de Hugues Dufour, mais fascinent surtout le premier avec Le Noir de l’étoile de Gérard Grisey, joué dans le cadre idyllique des montagnes alpines du Jardin du Lautaret, même par la température frisquette de 5° C.
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Programmer des concerts en extérieur en montagne est toujours risqué, mais pour cette édition du Festival Messiaen, Bruno Messina avait les cieux avec lui, tant la soirée au col du Lautaret a été emplie de magie. D’une heure environ, l’œuvre proposée en hommage aux spectraux est l’un des chefs-d’œuvre de Grisey, Le Noir de l’étoile.
Construit autour des pulsars, fin rayonnements radios découverts au siècle dernier à partir d’étoiles noires, des supernovas ayant explosé il y a des millions d’années, l’ouvrage est fait pour six percussionnistes, placés en cercle autour du public ; pour l’occasion, 400 personnes emmitouflées dans leurs doudounes et plaids, puisque la température attendue sous la nuit n’est que de 5° C.
L’astrophysicien Jean-Pierre Luminet commence par une courte introduction sur le phénomène du pulsar, puis l’un des percussionnistes initie une infime pulsation sur la grosse caisse. Il répète plusieurs fois le geste, puis le casse avec un rythme très sec et très fort sur tambour de bois. Les autres percussionnistes entrent dans la rotation, avec le même type de rythmes, pour construire d’abord un moment très dynamique et saccadé.
La suite est un long développement fait de sons circulaires et de fortes altérations, toujours autour de la notion du pulsar, qui finit par apparaître par le biais d’un enregistrement radio, celui utilisé depuis la mort de Grisey, puisque les ondes enregistrées et retransmises en direct lorsque l’œuvre étaient jouée du vivant du compositeur compliqueraient les reprises actuelles.
Génial, Le Noir de l’Étoile se développe dans le cadre merveilleux du Lautaret, où en plus d’un temps superbe après un orage d’après-midi, le soleil disparaît rapidement pour rendre hommage à la nuit. Inattendue à côté des étoiles, la lune splendide et presque pleine commence à ressortir des montagnes, ajoutant à l’enchantement par son éclat.
Le lendemain, trois des percussionnistes sont encore présents à la salle du Dôme du Monêtier-les-Bains, accompagnés par trois nouveaux. Mais si Burning Bright de Hugues Dufour avait profité d’un enregistrement soigné par Les Percussions de Strasbourg en 2014, ici les instrumentistes se montrent beaucoup plus tendus, sans couleurs jusqu’aux Tourbillons 1.
Toujours précis, les musiciens ne semblent pas véritablement s’écouter, avec des sons durs ou trop droits, qui mettent peu en valeur la partition. Si l’on se concentre, on profite bien de la diversité des sonorités et des instruments, comme le gong et la demi-sphère frappés dans un grand bassin d’eau, mais les Espaces pulsés qui rappellent forcément la veille n’ont pas du tout le même impact dans leur rotation trop lâche, et les Lointains 1 & 2 et Suspendu 2 se développent sans réussir à déployer les atmosphères recherchées par cette pièce, dont le titre est tiré d’un poème de William Blake.
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Jardin alpin, Le Lautaret Le 28/07/2023 Vincent GUILLEMIN |
| Concerts des Percussions de Strasbourg dans le cadre du Festival Messiaen au Pays de la Meije 2023. | 28 juillet :
GĂ©rard Grisey (1946-1998)
Le Noir de l’étoile
29 juillet :
Hugues Dufour (*1943)
Burning Bright
Les Percussions de Strasbourg | |
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